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Mine d'étain à Abbaretz, Loire-Atlantique, Bretagne, Farnce..jpg

Mine d'étain.    Abbaretz, Loire Inférieure - Bretagne - France.

L'ETAIN ARMORICAIN

Par Yves LULZAC, ancien géologue minier du BRGM

Article paru dans Mines & Carrières

N° 196 - octobre - 2012 (Hors série)

avec l'aimable autorisation de l'auteur

Un dossier de 28 pages pour 26 districts miniers, 42 schémas miniers et quelques photos anciennes, plus une vidéo à propos de l'Etain de St Renan.

PREAMBULE

Où le trouve-t-on ?

 

Où l’a-t-on exploité ?

Symbol de l'étain.png

Symbol alchimique de

l'Etain.

C’était en 1957, année au cours de laquelle le Bureau de Recherches Géologique et Minières (B.R.G.M.) inaugurait ses prospections alluvionnaires stratégiques sur le réseau hydrographique de l’ouest de la France. Trente années plus tard le Massif Armoricain dévoilait ses nombreuses richesses minéralogiques, dont la cassitérite, ce minerai d’étain inaltérable, très dur, de forte densité et de couleur foncée, très facile à reconnaître sur le terrain et à recueillir dans les alluvions des vallées, petites ou grandes, comme l’on ferait par exemple pour l’or, au moyen d’une simple batée.

Sur les quelques 61 000 échantillons recueillis au moyen de cette méthode simple sur une superficie couverte d’environ 50 000 km², plus de 40 000 se révélaient contenir au moins des traces de cassitérite.

L’on peut donc affirmer qu’à l’issue de ce travail, les occurrences stannifères armoricaines avaient été inventoriées d’une manière quasi exhaustive, qu’elles soient en alluvions (gîtes secondaires) ou en place (gîtes primaires).

 

Mais avant d’aborder le véritable sujet de cette note, il convient de préciser certains points de détail concernant la méthode de prospection mise en œuvre, ainsi que la nature des gîtes primaires en roche à l’origine de cette cassitérite alluvionnaire.

 

Il s’agissait d’une prospection systématique basée sur le bateyage d’un certain volume d’alluvions prélevées le plus profondément possible dans tous les cours d’eau actuels, petits ou grands, et selon une équidistance kilométrique, ou semi kilométrique dans certains cas.

C’est ce que l’on appelle faire un prélèvement en " lit vif " ou en " lit mineur ".

Ce travail, que l’on exécutait toujours à l’aide d’une pelle à main, excluait donc toute possibilité de prélèvement au fond de certaines grandes rivières telles que la Vilaine, le Blavet, l’Oust, etc.

L’échantillon extrait était tamisé à la maille de 5 m /m de façon à obtenir un volume de 10 litres de sable que l’on traitait sur place au moyen d’une batée jusqu’à obtenir un concentré, généralement noir, de minéraux lourds.

Ce concentré, une fois séché, séjournait ensuite au laboratoire pour se voir fractionné en lots de densité et de susceptibilité magnétique décroissantes. Les minéraux utiles séparés, dont la cassitérite, subissaient un examen morphoscopique pour enfin être pesés et reportés sur cartes à différentes échelles (J. Guigues et al. 1969).

 

Quant aux gîtes primaires à l’origine de la cassitérite alluvionnaire armoricaine, ils se localisent essentiellement dans des roches granitiques et consistent très souvent en lentilles, filons ou filonnets quartzeux dans lesquels la cassitérite peut se disperser ou se concentrer sur leurs bordures (ou épontes). Ils prennent également la forme de fissures, veinules ou filonnets micacés ou tourmalinifères, de filons ou de poches de granite greisenisé à micas blancs très abondants, ou bien de différentiations granitiques de type aplitique à grain très fin, ou de type pegmatitique à très gros grain. Plus rarement, la cassitérite peut s’associer à des sulfures divers, arsénopyrite ou chalcopyrite, rarement très abondants.

-Résultats de la prospection alluvionnaire systématique.jpg

Sur la carte d’ensemble présentée ici, seuls sont représentés les indices alluvionnaires dont la teneur en cassitérite dépasse les 10 grammes de cassitérite au mètre cube d’alluvions. Ils constituent la base de la sélection des districts évoqués ici, compte tenu également de leur degré de dispersion, de l’homogénéité de leurs teneurs et de leur caractère morphoscopique. Cependant, certaines zones apparemment sans intérêt par le nombre restreint et la pauvreté de leurs indices, ont pourtant été élevées au rang de district, suite, le plus souvent, à la découverte parfois fortuite de leurs gîtes primaires. D’où les grandes inégalités de développement qui apparaîtront dans l’étude de certains d’entre eux.

Si, sur cette carte, les indices à teneurs inférieures à 10 grammes de cassitérite au mètre cube avaient été reportés, il aurait été très difficile sinon impossible de faire le tri des zones vraiment anomaliques, tant l’omniprésence de cette cassitérite est remarquable sur toute l’étendue prospectée, plus particulièrement sur la moitié méridionale du Massif Armoricain ainsi que sur une grande partie de la Bretagne nord et du département de la Mayenne.

On peut d’ailleurs s’interroger sur l’origine de cette dispersion quasi générale. Par exemple, pouvait-on espérer découvrir un gîte primaire à la tête de chaque vallon ne recélant que des traces de cassitérite ?

Les études de terrain conduites sur une période de 30 ans ont pourtant démontré qu’il n’en est rien dans la plupart des cas.

Situation des districts stannifères.jpg

Pour le comprendre, il suffit de remonter le temps sur quelques millions d’années.

Très schématiquement, tout commence vers le milieu de l’ère tertiaire, à l’Eocène, il y a 40 millions d’années, lorsque l’ouest de la France, qui avait perdu ses montagnes hercyniennes, n’était plus qu’une large pénéplaine. S’instaure alors un climat de type tropical avec alternance de saisons sèches et humides. Les roches affleurantes subissent une intense altération, les granites en premier qui voient leurs feldspaths, leurs points faibles,  se transformer en minéraux argileux. Ils perdent leur cohésion et mettent en disponibilité un stock latent de minéraux inaltérables, dont la cassitérite, tandis que des migrations chimiques entament un processus de latéritisation.

A la fin du Tertiaire, au Pliocène il y a 5 à 7 millions d’années, une transgression marine transforme le Massif Armoricain en un vaste archipel. Les roches altérées à l’Eocène sont en grande partie décapées, les argiles allant se sédimenter dans les fosses marines, tandis que les minéraux peu altérables, le quartz en particulier, s’accumulent sur place en épaisses couches sableuses. La cassitérite libérée de ses gîtes primaires, puis intensément brassée et dispersée au gré des courants marins qui lui impriment alors un émoussé particulier, se mêle aux sables quartzeux ou se concentre à leur base.

Arrive l’ère quaternaire, il y a 1,5 million d’années, au cours de laquelle cinq périodes froides périglaciaires alternent avec des périodes très humides. Les sables marins subissent alors l’effet répété de ruissellements intenses ou de successions annuelles de gel et de dégel. Le stock libéré de cassitérite, s’il n’est pas constitué de particules trop fines, va se déposer au hasard dans les fonds de vallons en cours de formation.

Il est rare que cette cassitérite marine, généralement très dispersée dans la couche sableuse, soit à l’origine de grosses accumulations dans les alluvions actuelles. Elle contribue surtout à la pollution générale et tenace de l’environnement régional.

Finalement, la plus grande partie des sables pliocènes sera éliminée en abandonnant ses minéraux lourds, dont la cassitérite, sur le soubassement rocheux, le plus souvent à grande distance de leurs racines, que ce soit latéralement, en aval ou même en amont, créant ainsi des " pseudo indices " qu’il sera difficile, sinon impossible, de relier à leurs gîtes primaires.

Le même mécanisme d’érosion, par le biais des coulées de solifluxion périglaciaire et du ruissellement, va désormais s’exercer sur ce soubassement rocheux mis à nu. Les gîtes primaires de cassitérite seront de nouveau démantelés, et ceci d’autant plus facilement que leur environnement immédiat portera encore l’empreinte de l’altération éocène épargnée par la transgression marine.

Un nouveau stock de cassitérite va donc se surimposer au fond minéralogique marin pour réalimenter le réseau hydrographique et former, si les conditions d’alluvionnement le permettent, des accumulations qui seront la base des futures exploitations.

Certes, de nombreux gîtes de cassitérite étaient déjà connus avant que le B.R.G.M. entreprenne ses prospections systématiques, certains d’entre eux ayant même fait l’objet de travaux d’exploitation modernes ou antiques. Mais, si certains des résultats obtenus auront servi à les confirmer, ou mieux, à préciser leur potentiel et leur valeur économique d’autres, par contre, conduiront à la découverte de gîtes totalement ignorés à l’époque, bien que beaucoup d’entre eux n’avaient pas échappé à la sagacité des anciens, voire très anciens prospecteurs.

 

En général, l’on constate que cette importante dissémination stannifère armoricaine gravite autour des massifs granitiques d’âge hercynien que l’on rencontre principalement dans les départements bretons ainsi qu’en Vendée, dans les Deux-Sèvres et en Mayenne. Ce qui exclut la plupart des affleurements granitiques normands précambriens (orogénie cadomienne).

L’on distinguera donc ici deux provinces stannifères principales :

 

- La province sud-armoricaine, qui débute à la Pointe du Raz dans le Finistère pour se terminer dans le département des Deux-Sèvres, en bordure du bassin sédimentaire poitevin.

 

- La province nord-armoricaine, qui part de l’île de Molène dans le Finistère, pour finir aux confins orientaux du département de la Mayenne.

 

Les lignes qui suivent vont donc s’attacher à faire l’inventaire des principaux districts stannifères connus à l’heure actuelle, qu’ils aient été exploités ou non, en ayant à l’esprit que le degré d’exploitation d’un gisement métallifère ne se mesure qu’en fonction de la conjoncture économique du moment.

 

En règle générale, les pourcentages de minerai dont on fera mention ici seront exprimés, soit en grammes ou kilogrammes de cassitérite par mètre cube de "tout-venant " (g/m³ ou kg/m³) s’il s’agit d’une alluvion ou d’une roche altérée et meuble, soit en grammes ou kilogrammes de cassitérite par tonne de roche (g/t ou kg/t) s’il s’agit d’un gîte en roche dure nécessitant un traitement plus complexe à l’exploitation.

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la Cassiterite (SnO
2)

Cassitérite.jpg

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