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LA CURIEUSE ALCHIMIE NATURELLE DE L'OR EXPLIQUÉE A TRAVERS L'EXEMPLE DES GISEMENTS DU SUD ARMORICAIN

Un dossier rédigé par
Monsieur Yves LULZAC
ancien ingénieur géologue minier du BRGM
OR...
Illustration et mise en page
JJ Chevallier
1-Origine de l'or.
L'or, ainsi que tous les autres métaux constituant l'écorce terrestre, est disséminé dans les roches ainsi que dans les mers et océans. Ceci, bien sûr en très faibles proportions mais à des degrés plus ou moins importants suivant la nature de son hôte. Ces proportions, ou teneurs, se chiffrent en "ppb"(1) c'est-à-dire en milligrammes d'or par tonne de roches ou d'eau. C'est ainsi que la teneur moyenne en or des sols et de la partie supérieure de la lithosphère est de 5 ppb. Les chiffres peuvent atteindre en moyenne 10 ppb pour les granites, 4 ppb pour les roches ultra basiques, 7 ppb pour les basaltes et gabbros, 5 ppb pour les diorites, 3 ppb pour les calcaires et schistes argileux, 0,12 ppb pour l'eau de mer et 0,3 ppb pour l'eau douce.
Bien entendu, l'extraction de l'or dans les mers, le gisement qui serait le plus vaste et le plus facile à exploiter, est impossible dans les conditions économiques actuelles. Il vaut mieux rechercher des concentrations beaucoup plus importantes même si les conditions d'exploitation sont plus difficiles et même si le potentiel récupérable est beaucoup plus réduit.
Dans la nature, ces concentrations existent, aussi bien dans les roches dures que dans les alluvions des cours d'eau. On en connaît un certain nombre dans le Massif Armoricain, certaines ayant été exploitées avec profit.
Mis à part les dépôts de type alluvial bien connus des orpailleurs, ces concentrations en "roches dures" se manifestent principalement sous forme de filons quartzeux ou sous forme d'amas sulfurés.
11-LES FILONS
Les filons, en se rappelant qu'un filon métallifère emprunte toujours une fracture de l'écorce terrestre qui lui sert de guide. Fracture plus ou moins longue, simple ou ramifiée, ayant une direction précise et plongeant dans le sous-sol suivant un angle plus ou moins accentué (le pendage). A l'affleurement, sur la surface topographique actuelle, un filon dont l'épaisseur (ou puissance) peut varier de quelques centimètres à plusieurs mètres, peut se suivre sur plusieurs dizaines ou centaines de mètres, voire beaucoup plus, pour enfin se ramifier en de multiples filonnets ou pour laisser place à une simple fissure laquelle, le plus souvent, sera stérile. En profondeur (ou en aval pendage), un filon peut disparaître de la même manière mais, très souvent, on reste dans l'ignorance de sa fin car les recherches profondes, très onéreuses, sont toujours tributaires de l'appauvrissement du filon en matière première économiquement récupérable.
Les structures filoniennes aurifères peuvent se rencontrer dans un contexte pétrographique quelconque, généralement granitique ou métamorphique. Leurs bordures (ou épontes), présentent parfois une zone d'altération plus ou moins prononcée se traduisant par la présence d'une grande proportion d'argile. Dans d'autres cas, l'altération des roches encaissantes est nulle ou peut se manifester par une certaine silicification de la roche.
Dans le Massif Armoricain, le remplissage des filons aurifères est généralement constitué de quartz et de minéraux sulfurés, dont la pyrite et le mispickel (ou arsénopyrite). L'or peut alors s'y exprimer sous forme de micro-veinules mal cristallisées disséminées dans le quartz lui-même. Il y est généralement peu abondant. Cependant, il est beaucoup plus présent dans les sulfures, soit sous forme minéralogique mais extrêmement fine, soit sous forme ionique. Dans tous les cas, cet or restera toujours invisible à l'œil nu.

Cette partie du gîte, que l'on nomme protore(2), contient donc de l'or que l'on pourra qualifier de "primaire".
Toujours dans le Massif Armoricain, la teneur en or des protores connus, déjà exploités ou non, est en moyenne d'une dizaine de grammes à la tonne de minerai tout-venant. Avec parfois, mais très localement, des zones enrichies de faible extension pouvant atteindre les 50 grammes à la tonne. Cet or représente le potentiel du gisement qui peut être exploitable sous certaines conditions : géométrie favorable et bonne tenue des terrains ; traitement du minerai ne posant pas de problèmes particuliers et permettant d'obtenir un bon coefficient de récupération ; conjoncture économique favorable compte tenu des teneurs et des tonnages espérés, et aussi de la méthode d'exploitation (en carrière à ciel ouvert ou en souterrain).
En France, toutes les zones filoniennes affleurantes sur la surface topographique à partir de la fin de l'ère tertiaire, ont été le siège de phénomènes d'oxydo-réduction s'étendant jusqu'au niveau de battement de la nappe phréatique (en général entre 10 et 20 mètres de profondeur). Phénomènes à l'origine de concentrations minéralogiques d'or natif (phénomène de pépitisation). Mais, dans l'état actuel des connaissances acquises à l'issue des recherches minières de la fin du vingtième siècle dans le Massif Armoricain, de tels niveaux enrichis ne sont plus observables de nos jours car ayant été exploitées dans l'Antiquité (travaux gallo-romains ou antérieurs). Les seuls témoins de ces anciennes mines apparaissent encore parfois sous forme de mares ou d'excavations plus ou moins remblayées qui peuvent s'aligner sur plusieurs kilomètres (par exemple la "ligne des Miaules" du district de Château Gontier en Mayenne, ou la ligne des "Aurières" de la région de la Poëze-Angrie dans le Maine-et-Loire). Quelques rares autres témoins peuvent aussi se manifester à la faveur de découvertes fortuites de "pépites" d'or natif oubliées ou égarées par les anciens mineurs…
Pour ce qui concerne les exploitations modernes d'or du Massif Armoricain on peut citer :
- La mine de la Bellière sur la commune de Saint-Pierre-Montlimart dans le Maine-et-Loire qui a fourni 10,4 tonnes d'or à teneur moyenne de 9 g/t. Son activité a cessé en 1952.
- La mine de La Lucette sur la commune du Genest en Mayenne qui a fonctionné de 1905 à 1939. En plus de 42.000 tonnes d'antimoine, elle a fourni 8,35 tonnes d'or à teneur moyenne de 10 g/t.
- La mine du Semnon sur la commune de Martigné-Ferchaud en Ille-et-Vilaine qui à fourni environ 500 tonnes d'antimoine et, probablement, quelques kilogrammes d'or.
Un autre gîte aurifère a été découvert récemment mais il n'a pas été exploité. Il s'agit du gîte de Lopérec dans le département du Finistère dont les réserves sont estimées à 3,9 tonnes d'or à teneur moyenne de 7,8 g/t. Il ne s'agit pas, à proprement parlé, d'un gîte filonien quartzeux, mais plutôt d'une imprégnation de sulfures aurifères au sein d'une zone de cisaillement affectant des sédiments paléozoïques riche en matière organique. Ce gîte qui ne semble pas avoir été découvert ni exploité dans l'Antiquité, ne porte pas l'empreinte d'une altération superficielle classique génératrice d'une pépitisation secondaire de l'or. La cause est probablement à rechercher dans le proche environnement fortement réducteur du gîte primaire.

12-LES AMAS SULFURÉS
Les amas sulfurés sous forme de colonnes ou de corps massifs généralement de géométrie elliptique encaissés dans des séries sédimentaires ou volcano-sédmentaires. Actuellement, ce type aurifère n'est connu dans le Massif Armoricain qu'à un seul exemplaire : le gisement de Rouez-en-Champagne dans la Sarthe, dont la partie oxydée, ignorée des Anciens si ce n'est pour ses teneurs importantes en fer, a été récemment exploitée.
Encaissé dans des schistes noirs datés du Briovérien, ce gisement est principalement constitué de pyrite et pyrrhotine auro-argentifères avec chalcopyrite, galène et blende (sphalérite) subordonnées. L'or y est exprimé sous forme de microparticules invisibles à l'œil nu et la teneur du protore non oxydé est d'environ 1 gramme d'or à la tonne de tout-venant, tandis que la zone soumise à des phénomènes d'oxydo-réduction à montré une teneur voisine de 8,5 grammes à la tonne en moyenne avec des zones enrichies, mais très locales, à 77 grammes à la tonne. Au total, de 1989 à 1995, la production d'or a été de 2,6 tonnes, et celle d'argent de 9,1 tonnes.
Un second gîte pouvant se rattacher à ce type est connu dans le Massif Armoricain. D&ea