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BITUMES

AUVERGNATS

THERMALISME

et

INDUSTRIE

Fleurs de bitume d'Auvergne.

Entre l'Auvergne et la Mésopotamie existe un point commun, la présence de sources bitumineuses.

Fleurs de bitume d'Auvergne.
Photo Pierre Thomas,

Laboratoire de géologie, ENS Lyon.

En France l'utilisation de l'asphalte fut plus modeste, point d'arche de Noé à colmater, ni de tour de Babel à édifier. Le bitume d'Auvergne possède cependant une longue histoire.

Le bitume est une substance noire généralement très visqueuse ou solide à la température ordinaire, liquéfiable à chaud autour de 100°C. Le bitume est formé par un mélange d'hydrocarbures lourds, de résines et d'asphaltènes[*]. Insoluble dans l'eau, on l'utilisait pour calfater les bateaux qui naviguaient sur l'Allier et pour assurer l'étanchéité des murs.


Le bitume est le résultat de la transformation chimique de la matière organique contenue dans les sédiments originels de l’ancien lac de Limagne sous l’action de l’élévation de la température au fur et à mesure de l’enfouissement. Il remonte très lentement vers la surface en raison de sa faible densité, utilisant ici les fractures associées aux cheminées volcaniques. Arrivé en surface, il perd ses éléments les plus volatils devenant très visqueux, presque solide.
Le bitume est connu et utilisé en Limagne depuis l'Antiquité, des poteries brisées, déterrés à proximité du Puy de la Poix, ont été réparées par les Celtes avec cette colle naturelle.

[*] Note du transcripteur : Les asphaltènes et les résines sont les fractions lourdes des pétroles bruts, ce sont des composés qui contiennent C (carbone), H (hydrogène), S (soufre), O (oxygène) et N (azote) alors que les hydrocarbures ne contiennent que C et H.

(Texte, "Le sentier du bitume"  (PDF),  Club Minérlogique de Moulin sur Allier)
http://clubmineralogiquemoulins03.planet-allier.com/index.htm

Calcaire bitumineux, carrière de Cournon d'Auvergne.

Calcaire bitumineux, carrière de Cournon d'Auvergne,
Photo C Nicollet,

Université Clermont Auvergne de Clermont Ferrand.

Les deux textes historiques anciens, de cette page, proviennent de mes archives numériques, malheureusement je n'ai pas retrouvé le nom de l'auteur et je suis à sa recherche pour le citer, si vous reconnaissez ce texte et que vous en connaissez l'auteur, merci de m'envoyer un mail.

UN SITE GÉOLOGIQUE CÉLÈBRE

Observons, voulez-vous la carte du « Riche et Ancien Pays d'Auver­gne », oeuvre du florentin Siméoni en 1560. Ce familier de la cour épiscopale de Guillaume Duprat, évêque de Clermont, a dessiné sur le précieux document une petite butte dans une boucle de rivière. Examinons de plus près cette bosse insignifiante. La voici, un peu au-dessous du nom de «Clermont». C'est la «collis bitumosus», à droite d'un monticule plus prononcé, Croelle. La «collis bitumosus» pour le vulgaire d'alors qui ne comprenait pas le beau langage, n'était autre que le puy de la Pège, notre puy de la Poix actuel. Le puy de la Poix, ignoré aujourd'hui de la plupart des Clermontois a été l'une des plus grandes curiosités naturelles non seulement de l'Auvergne mais de la France entière.

Sa réputation était comparable à celle des sources incrustantes de Saint-Alyre. Tous les visiteurs de marque venaient faire un pèlerinage à ces deux merveilles de la nature, bien avant la découverte du volcanisme dans notre région.

La réputation du puy de la Poix est fort ancienne, les hommes préhistoriques attirés sans doute par cette eau noire et salée s'installent aux abords immédiats de la colline asphaltique. Un menhir, maintenant détruit, rappelait leur souvenir; les trésors, vases et poteries datant de plusieurs siècles avant JC. se retrouvent çà et là dans les terres labourées. D'importants chantiers de fouilles viennent chaque année confirmer l'intérêt grandissant de ce site archéologique de grande classe.

Si l'histoire reste, en somme, fort discrète sur notre colline clermontoise, quelques documents sont tout de même parvenus jusqu'à nous.

Carte de la Limagne d'Auvergne, de Gabriello Siméoni, du  « Riche et Ancien Pays d'Auver­gne »,  1560.
collis bitumosus.

Carte de la Limagne d'Auvergne,
de Gabriello Siméoni, du

« Riche et Ancien Pays d'Auver­gne »,

1560.

UN SPECIALISTE DU THERMALISME A CLERMONT EN 1605

C'est en effet en 1605 que Jean Banc écrit un ouvrage précurseur des traités actuels du thermalisme, au titre évocateur :

« La Mémoire renouvelée des merveilles des eaux naturelles en faveur de nos nymphes françaises. »

Après avoir passé en revue les eaux de Saint-Myon, de Clermont, du Mont-Dore et de bien d'autres émergences, il parle en ces termes du « puy de la Poix » :

« Suivons cette Limagne et allons trouver la fontaine qui fait la poix au voisinage d'un demi-quart de lieue de Montferrand, presque sur le chemin de Pont-du-Château, il y a deux sources, l'une plus grande que l'autre, l'eau est aigrelette et tiède. Élles sont situées sur le penchant de la colline. Au-dessus de la plus grande nage le bitume et poix noirâtre extrêmement puante, qui se décharge peu à peu au-dehors de ladite fontaine, si adhérent et si gluant qu'il est fort difficile de le faire jamais du tout démordre du lieu où il a été appliqué. »

Jean Banc nous assure encore que par les hivers les plus froids, les oiseaux qui viennent boire à la fontaine de poix, qui ne gèle jamais, s'y prennent comme à des gluaux.

Mais cet auteur n'est pas le premier à s'occuper de cette source à la fois si curieuse et si originale. Quelques années plus tôt, Belleforest, dans sa Cosmographie universelle datant de 1575, parle également d'une colline ou montagnette où le bitume coule ainsi qu'une source de fon­taine, lequel est noir au possible, tenant et gluant. Én bon observateur, il note une plus grande abondance de la poix au cours de l'été, la froidure de l'hiver empêchant, nous dit-il, la liqueur de se dissoudre et de se distiller.

Ce bitume qui s'écoule, en dehors de son objet de curiosité, avait bien, on s'en doute, quelque utilité. Les érudits auvergnats restent assez discrets à ce point de vue. On s'en sert pour marquer les brebis, et sans doute pour la confection de médicaments, comme en Alsace. Le bitume a d'ailleurs été d'un usage courant au Moyen Âge; en Bavière, au xve siècle, le duc de Ferrare parle d'une huile qu'il nomme pétroléon, et il vante ses grandes vertus; le pétrole alsacien était utilisé pour les cataplasmes et les pommades. Il est bien certain que les apothicaires clermontois ont su eux aussi employer à bon escient le bitume du puy de la Poix; leurs recettes hélas ne sont pas parvenues jusqu'à nous.

Reprenons le cours de l'histoire. En 1718, un chanoine de la cathédrale, sans doute naturaliste à ses heures, s'aperçoit de l'attrait tout particulier exercé par l'eau salée et bitumineuse sur les pigeons d'alentour qui recherchent avec avidité l'eau de cette fontaine; beau sujet de recherches médicales pour un esprit curieux.

Dans son traité des eaux minérales, bains et douches de Vichy, Chomel ne dédaigne pas de consacrer quelques lignes à la source asphaltique; il assure même que Tournefort, illustre chimiste de l'époque (1734), en a retiré une huile analogue à celle de pétrole. Du pétrole en Auvergne, dès 1734, avouons que nous en ressentons quelque fierté. Hélas, l'or noir de la Limagne reste encore à découvrir.

Le Monnier, un des pères de la géologie française, à peu près vers la même époque, a visité également la source visqueuse et noirâtre; comme à son habitude il en fait une étude sérieuse et méthodique. L'eau qu'il goûte possède une amertume insupportable; elle est recouverte d'une mince couche de bitume, ressemblant à de la poix. Dans les fentes d'une colline voisine, il recueille une demi-livre d'une substance sombre, sèche, dure, qui s'enflamme facilement, en dégageant malheureusement une fumée noire et épaisse et une odeur désagréable. Décidément, l'asphalte clermontois ne fera pas un bon combustible. Le Monnier ajoute cependant : « Je suis persuadé que par distillation on en retirerait du pétrole.»

L'intérêt pour le puy de la Poix ne faiblit pas. Bien au contraire, confusément sans doute, on sent qu'il faudrait en tirer parti. Un naturaliste auvergnat, l'abbé Delarbre, entreprend de mesurer l'écoulement du bitume (1749). Durant huit jours du mois de juillet la quantité d'asphalte recueilli a été de six livres, en août il y a eu légère progression, car on a pu en prélever huit livres. C'est un peu maigre, bien sûr, pour une exploitation; ce serait pourtant une heureuse idée, le bitume alsacien n'entre-t-il pas dans la confection d'un nouveau ciment employé dans les bassins du jardin de Versailles et du jardin des plantes de Paris ?

Guettard, le grand Guettard qui découvrit le volcanisme auvergnat, s'intéressa aussi aux buttes de Limagne. Très astucieusement, il remarque la position géologique « des pierres bitumineuses », dont les collines sont disposées suivant un même alignement. Il existe du bitume, non seulement à la montagne de la Poix, mais à Crouel, et dans la cave des bénédictins. A Machaul, sur la route de Clermont à Riom, la source de poix intéresse les paysans qui s'en servent pour graisser les essieux de voitures. L'asphalte de Pont-du-Château attire l'attention du savant géologue, il lui semble apercevoir des taches révélatrices sur le roc même où repose l'écluse dans le cours de l'Allier.

Adressons-nous à Buffon pour connaître les idées qui régnaient alors sur l'origine des bitumes, pétroles et naphtes. Ce sont, nous dit le célèbre naturaliste, des produits de la distillation par les feux souterrains des charbons de terre et schistes bitumineux. Il envisage, non l'action de la chaleur interne du globe, mais la présence de véritables feux « qui liquéfient le bitume, le distillent et font élever les parties les plus ténues pour former le naphte et le pétrole ».

Tout cela semble puéril aux géologues actuels ; ajoutons cependant que les découvertes récentes montrent qu'une élévation de température est nécessaire pour la naissance des hydrocarbures au sein des couches sédimentaires.

Genèse des pétroles et gaz.

VERS L'UTILISATION INDUSTRIELLE DES ASPHALTES D'AUVERGNE

C'est aux alentours de la Révolution française que se pose le problème des bitumes auvergnats. Legrand-d'Aussy nous apprend que les Auvergnats en sont embarrassés. En gens qui ne veulent rien laisser perdre, ils souhaitent faire quelque chose, mais quoi ? L'un d'eux, l'histoire a oublié son nom, se met à exploiter le puy de la Poix pour fabriquer des moellons, le bitume servant de ciment naturel. Hélas, il faut très vite déchanter, la construction répand une telle odeur qu'elle devient inhabitable. Il y a bien les essieux de voiture, mais la consommation est minime; puis, là encore, c'est une faillite complète, la poix sèche trop rapidement. Alors, que faire en dehors du marquage des moutons ?

Un habitant de Pont-du-Château a un trait de génie. Si le bitume sèche trop vite, malaxons-le et mélangeons à de la graisse pour en faire un onguent qui se vend avec succès. Le citoyen de Pont-du-Château renouait sans le savoir avec une longue tradition. Les Babyloniens se frottaient le corps, il y a plus de deux mille ans, avec un mélange de bitume, d'huile et de suc de végétaux, et les Egyptiens, au temps des Pharaons, fabriquaient des onguents à base de cire et de bitume.

Revenons à l'Auvergne pour conter la mésaventure survenue aux bénédictins de Saint-Alyre, possesseurs d'une source ou plutôt d'un gisement d'asphalte. Ils en sont vraiment embarrassés. Que faire de la butte rocheuse qui s'élève maintenant près du mur de clôture, au niveau du boulevard Lavoisier ? Rien, sinon y creuser une cave. Le rocher n'est pas humide, tout se présente(bien, le tuf volcanique n'est pas trop dur, la cave se termine, on dispose les fûts; l'expérience tourne au désastre, l'odeur de poix et de soufre est d'une telle force que le vin s'altère très vite. Tout n'est pas perdu cependant, car le représentant d'une compa­gnie industrielle arrive à Clermont attiré par la réputation de l'asphalte, employé de plus en plus pour rendre les bassins imperméables et pour fabriquer les trottoirs. Il est sans complexe, comme nous dirions aujourd'hui, et sollicite du conseil municipal de Clermont l'autorisation d'exploiter le puy de la Poix dans son entier. Cette demande parut insolite; exploiter le puy de la Poix, ce lieu célèbre de l'Auvergne, cela dut sembler un véritable sacrilège à nos édiles municipaux.

Les hésitations du conseil municipal firent traîner les délibérations. La réponse tardant à venir, l'industriel parisien, qui ne trouvait pas beaucoup de distractions à Clermont, finit par quitter l'Auvergne. Le puy de la Poix venait de justesse d'être sauvé de la destruction totale, car il s'agissait bel et bien de sa disparition par une opération technique d'un style très particulier que nous pourrions sans ironie qualifier d'opération « œuf à la coque ». Il s'agissait ni plus ni moins que d'enlever le sommet du puy de la Poix comme on découpe l'extrémité d'un œuf, et théoriquement on devait découvrir un bitume liquide mijotant dans cette chaudière naturelle, alimentée par les feux volcaniques.

C'est, en somme, guidée par les théories de Buffon que s'effectuait alors la prospection en Limagne, l'asphalte étant considéré comme une production liée à la chaleur des volcans.

De toute façon, le progrès dans la construction des rues et des trottoirs aidant, le bitume devient de plus en plus un produit industriel. Dès 1831 le département du Puy-de-Dôme possède un directeur des exploitations d'asphalte en la personne de M. Ledru, concessionnaire des mines de Pont-du-Château, de Lussat et de Dallet ; la production du puy de la Poix lui est également réservée.

Il n'est pas le seul à vouloir s'enrichir du sous-sol d'Auvergne, le baron de Barante, personnage très influent, se voit attribuer par l'ordonnance du 25 septembre 1843, les mines de Malintrat, Gerzat et Pont-du-Château. La partie ouest de ce dernier territoire particulièrement riche devient concession des frères Michel et François Bresson, tandis que le comte Maurice de Laizer prend possession du gisement des Roys dans les communes de Lempdes et Dallet.

Dans toutes ces tractations le puy de la Poix est un peu oublié. Le docteur Nivet (1845) envisage pourtant des bains avec son eau minérale pour traiter les maladies de la peau, gale, dartre, en particulier. Nivet rejoint ainsi une longue tradition, celle des Chaldéens qui guérissaient les dermatoses par l'action des eaux bitumineuses. Sarah, épouse d'Abraham, n'a-t-elle pas été guérie par cette thérapeutique ? Regrettons cependant qu'aucune étude sérieuse n'ait vu le jour sur la source de poix, peut-être n'est-il pas trop tard pour reprendre l'idée du docteur Nivet.

Les visiteurs du centre de la France se dirigent toujours vers la colline d'où suinte la poix. Lecoq (1867) tient à les mettre en garde contre certains dangers. " Qu'ils ne commettent pas l'imprudence surtout si fatigués par une longue marche, de s'asseoir sur le monticule, leurs vêtements n'y résisteraient pas. Attention aux chaussures, la poix colle si fortement qu'on risque de s'y engluer comme jadis les oiseaux."

LE BITUME D'AUVERGNE ET LA CONSTRUCTION DES ROUTES

Le problème routier qui préoccupe sérieusement gouvernement et ingénieurs des ponts et chaussées était aussi d'actualité au siècle dernier. La technique s'améliore d'année en année si l'on en juge par un ouvrage de 1838 préconisant un nouveau système de dallage et de trottoirs où l'asphalte d'Auvergne tient une large place. On ne se contente pas de théorie, l'expérience tient une large part; la route nationale 9, de Clermont à Perpignan, a été choisie comme terrain d'essai par Ledru ; un rapport a été présenté par l'ingénieur ordinaire, A. Monestier.

Les Auvergnats sont gens sérieux, le macadam bitumineux construit en janvier 1851 a été l'objet de soins attentifs. Peut-être n'est- il pas sans intérêt de rappeler la méthode employée par l'architecte clermontois précurseur des grands bâtisseurs d'autoroutes.

« Une couche de fragments de minerai calcaire a été étendue sur le sol, et chaque joint garni de petits fragments de grès bitumineux. Le pilonnage a serré ensemble ces matériaux. Une deuxième couche de fragments de calcaire, de plus petite dimension que les premières a été étendue, rejointoyée et pilonnée comme la première. Enfin tout le travail a été recouvert d'une couche de petits fragments de grès qui se sont étendus et soudés sous l'action du pilonnage. Le roulage a fait le reste sans que les pieds des chevaux aient rien dérangé. »

Le calcaire bitumineux employé provenait de la mine des Roys située à Dallet, le grès ou arkose asphaltique s'exploitait à Lussat. Sa présence donnait une certaine élasticité à la chaussée qui reprenait son aspect normal durant le repos nocturne.

M. Ledru a essayé de remplacer la couche inférieure de calcaire par des fragments de basalte; aucune différence ne s'est manifestée. L'entretien de la nouvelle chaussée a été nul, en dehors de quelques cailloux arrachés çà et là et introduits par la circulation, il n'y a eu pratiquement aucuns travaux de rechargement.

L'avenir est donc prometteur pour le macadam de Dallet et de Pont-du-Château, Ledru parle avec foi du procédé nouveau : « Il s'étendra dans les villes de province dont les rues sont souvent si mal pavées que la marche y est difficile et que le passage d'une voiture n'y est pas sans danger. Il contribuera à l'assainissement de ces nombreux quartiers dont le sol imprégné d'une humidité constante est un foyer permanent d'infection. » La ville de Lyon vient de donner l'exemple, l'espérance est au cœur du directeur des mines d'asphaltes, mais encore faudrait-il que les chaussées bitumineuses puissent se faire à des prix modérés.

Plus d'un siècle a passé depuis le mémoire présenté en 1852 à l'Académie des sciences arts et belles lettres de Clermont-Ferrand, plus d'un siècle qu'une technique de goudronnage des routes a été mise au point à Clermont sur la nationale 9. Si l'on avait écouté Ledru, que de progrès ne se seraient-ils pas réalisés, le problème si angoissant des routes de France serait résolu depuis longtemps.

L'asphalte d'Auvergne a bien d'autres emplois. A chaud il entre dans la fabrication des mastics bitumineux applicables aux dallages. Ces derniers jouissent vers 1850 d'un succès certain, leur réputation a dépassé la capitale de l'Auvergne. En 1841, le dallage du marché aux fleurs à Paris est exécuté en produits asphaltiques de Limagne. L'Administration, toujours soucieuse des deniers de l'État, a reconnu leurs qualités et les a inscrits dans le cahier des charges (1842) de la ville de Paris, « au même rang que les produits des meilleures provenances ».

L'industrie asphaltique continue à progresser avec cependant des vicissitudes, des concessions nouvelles sont accordées, d'autres périclitent; bientôt c'est autour de Pont-du-Château et de Dallet que se concentre l'extraction. Le gisement de l'Éscourchade, situé à Chamalières attire l'attention dès 1829, il en est de même de celui de Crouzol, près Volvic, mis au jour dans la propriété de Chabrol.

En 1848, la plupart des concessions sont réunies dans la Société des bitumes et asphaltes du Centre, qui continue aujourd'hui de traiter dans son usine de Pont-du-Château les pépérites [1] et calcaires asphaltiques des Roys près de Dallet.

LES MINÉRAUX SATELLITES DU BITUME

En dehors de la lussatite dont nous avons parlé dans un article précédent, toute une série minérale est liée à la présence du bitume en Limagne. La mine des Roy à Dallet, présente de la pyrite sans formes distinctes et des rhomboèdres de dolomie. Certains gisements y ajoutent des zéolites ; il faut bien le reconnaître, seule la pyrite est fréquente partout, aussi bien dans les pépérites qu'au milieu des grès bitumineux de Sainte-Marguerite.

Reprenons pour les amateurs de minéraux l'étude de R. Weil pour en donner les grandes lignes. Nous irons rechercher dans la tranchée de la voie de chemin de fer à Chamalières (près de la voie romaine), dans le granite altéré et imprégné de bitume, la pyrite et la copiaprite (sel de fer). A l'Éscorchade, mais retrouverons-nous les galeries ? Avec beaucoup de chance nous récolterons de petits cubes de pyrite.

Dans le groupe des zéolites c'est le mésotype qui prédomine; elle est connue depuis longtemps au puy de la Poix (A. Lacroix) en cristaux de très petite taille, de teinte jaune, à Dallet sous forme de sphérolites, elle cimente un tuf p&e