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La Cumengéite…
Ce nom alimente bien des fantasmes et de rêves dans les causeries de tout collectionneur de minéraux. C’est de loin le minéral le plus convoité, par sa forme unique, sa couleur, et surtout son extrême rareté sur le marché. Pourtant, à y regarder de plus près, cet oxychlorure (ou plus exactement hydroxychlorure) de Plomb et de Cuivre, ne se présente que sous forme micro (égal et surtout inférieur à 1 mm) dans les peu de gisements répartis en Europe, en Océanie, ainsi qu’en Amérique Latine.
Mais comme toujours, la nature offre de très belles exceptions. Dans le cadre de ce minéral, cette exception se trouve justement dans la localité où elle a été décrite la première fois, en 1893 : la mine Amélia à Santa Rosalia (Basse-Californie) ! Il est le minéral secondaire résultant d’une action chimique du climat désertique, associée à la salinité de l’eau de mer et des embruns, sur des minerais primaires de Plomb et de Cuivre de cette localité. Celle-ci, exploitée par la Compagnie du Boléo (dont le premier directeur général de la mine n’était autre qu’Edouard Cumenge, grand minéralogiste, ingénieur des mines et poète, qui a donné le nom à ce minéral), a la particularité d’avoir produit les plus belles Cumengéites du monde ! Avec des tailles pluri millimétriques à celles dépassant dans de rarissimes cas le centimètre.
Sa forme la plus recherchée, est une « épitaxie » en forme d’étoile sur les faces d’un cube de Boléite (ou Pseudo-boléite), autre minéral emblématique du gisement. L’épitaxie est une croissance orientée d’un minéral (ici la Cumengéite) sur un autre (la Boléite ou la Pseudo-boléite). Cela peut former plusieurs branches, montrant une « étoile incomplète », mais le mieux est l’épitaxie avec six branches et en trois dimensions (étoile complète) ! Cette forme étoilée serait unique dans le monde minéral. Pour aller plus loin sur les épitaxies, citons notamment celles entre l’Hématite et le Rutile au Brésil… Sinon, la forme plus commune de la Cumengéite est quand elle est en cristaux simples bi-pyramidés, jusqu’à 2 cm.
D’après Jean-Claude Bouillard, du musée de Jussieu (Université La Sorbonne-Pierre et Marie Curie), les plus belles récoltes ont eu lieu dans les années 1920. En effet, la majorité des personnes installées dans ce nouveau village, en dehors des Mexicains, étaient des Français (l’exploitation étant plus ou moins Française, grâce à la Compagnie du Boléo et de son premier directeur général Edouard Cumenge). Le peu de loisirs présents sur place obligeait les locaux à s’intéresser aux minéraux ainsi qu’à les prospecter, et ces derniers constituèrent des collections que tout bon collectionneur envierait aujourd’hui. Les cristaux en vente sur le marché proviennent pour la plupart des héritiers et descendants français.
EPITAXIE EN ETOILE
Cumengéite présentée lors de l'exposition "Les minéraux du plomb" à Sainte-Marie par le Musée Mine ParisTech. Don d'Edouard Cumenge au musée de l'École des Mines.
La couleur verte est due à la présence d'espèces secondaires minérales du cuivre.
Aujourd’hui, il est donc assez (voire très) difficile de trouver de bons cristaux épitaxiés de Cumengéite de la mine Amélia sur le marché des collections minéralogiques, à moins de connaître un bon contact ou un fournisseur qui connaît le bon tuyau. Un ensemble de 5 à 8 mm avec 6 branches parfaites et homogènes est déjà très bien pour tout collectionneur, qui devra investir plusieurs centaines d’euros ou de dollars US minimum. Les spécimens dépassant le centimètre sont généralement inabordables pour le simple mortel. Ils sont notamment très recherchés par les Américains fortunés. Ces derniers ont d’ailleurs tenté de ré-exploiter la mine Amélia dans les années 1970, notamment Pala International, mais visiblement sans grand succès. Certains membres du Museum d’Histoire Naturelle de Los Angeles ont également prospecté le gisement.
Si l’on ne peut se procurer ces merveilleux joyaux Mexicains, il est tout à fait possible d’aller observer les plus beaux connus dans certains musées ouverts au public ou sur rendez-vous :
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le musée de minéralogie de Jussieu à l’Université de la Sorbonne-Pierre et Marie Curie, où se trouvent les deux plus grosses épitaxies de Cumengéite de Santa Rosalia, et donc du monde (3 et 3,5 cm) ; il faut remercier le minéralogiste Pierre Bariand, qui les a récupérées pour le musée. L’histoire est racontée dans son ouvrage « Mémoires d’un Minéralogiste sans Frontières », Les Editions du Piat
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le MIM de Beyrouth au Liban, qui possède d’ailleurs une des plus belles collections de minéraux du monde ; une superbe épitaxie de 1,5 cm y est exposée
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le musée de Mine ParisTech (Ecole des Mines de Paris) possède également une extraordinaire épitaxie, donnée par Edouard Cumenge lui-même, partiellement recouverte de minéraux cuivreux secondaires de couleur verte ; elle a été exposée lors de l’exposition prestige du Salon mondial de Sainte-Marie aux Mines 2019 qui avait pour intitulé « les minéraux du Plomb »
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le Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN), ainsi que certains musées et muséums régionaux
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les muséums étrangers, ainsi que les collections privées. J’ai eu la chance en février 2020 d’observer au domicile de Peter Megaw à Tucson (Arizona), une magnifique Cumengéite avec 6 branches de plus d’1 cm ; il est spécialisé dans les minéraux Mexicains et est l’organisateur du célèbre Main Show (Tucson Gem and Mineral Show), tous les ans en février…
A noter également que les musées français précédemment cités sont tous aussi des références mondiales reconnues pour les collections minéralogiques, en termes d’esthétisme-qualité des échantillons et du nombre d’espèces et localités de préservées.
Enfin, n’oublions pas Edouard Cumenge (1828-1902), qui fut un très grand minéralogiste, qui voyagea longtemps au Nouveau Monde, et ramena de ses nombreuses tribulations pas mal de minéraux dont notamment la Carnotite. Il est le grand artisan de l’ouverture de futures mines dans la région de Boléo et sera donc le premier directeur général de la Compagnie du Boléo, dans les années 1880 à fin des années 1890. Il restera un très grand passionné de minéraux : c’est donc tout naturellement que François Ernest Mallard lui dédiera la Cumengéite en 1893, puis le fait qu’il sera un correspondant officiel du MNHN dès les dernières années du 19ème siècle. Il restera passionné, notamment de Boléo, jusqu’à la fin de sa vie. Edouard Cumenge était aussi un poète. Ces poèmes et autres récits, intitulés « Contes noirs et contes bleus, souvenirs de voyages » sont visibles sur le lien suivant : Contes noirs et contes bleus (1878-1895) : souvenirs de voyages / par un ingénieur en chef honoraire des mines | Gallica (bnf.fr)
En conclusion, la Cumengéite épitaxiée de la mine Amélia est de loin LE graal du collectionneur, considérée comme étant peut-être la plus belle espèce en minéralogie d’après de nombreux spécialistes mondiaux renommés. Celles conservées à Paris et à Beyrouth se placent donc probablement en tête des plus beaux spécimens minéralogiques connus devant « the Snail » (une merveilleuse Rhodochrosite Sud-Africaine de la collection de la famille Larson), la fameuse Cuprite sur Atacamite de Bisbee en Arizona (collection de la famille Graeme), ou encore le groupe géant d’aigues-marines sur pegmatite de l’Himalaya Pakistanais, récemment découverte et baptisé « le Roi du Kashmir » et certaines associations fluorine rouge sur quartz fumé du Mt Blanc.
SOURCES
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Connaissances personnelles de l’auteur
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Bariand Pierre : Mémoire d’un Minéralogiste sans Frontières ; Les Editions du Piat
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Bouillard Jean-Claude : Les minéraux, Sciences et collections ; CNRS Editions
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Lebocey Julien : Minéraux, le guide des passionnés ; Les Editions du Piat
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Diverses sources internet pour la biographie d’Edouard Cumenge.
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Rob Lavinsky
THE QUEEN OF CUMENGEITE
COMPLEMENT BOLEITE
Mine Amelia, Santa Rosalia, Boleo District, Mun. de Mulege, Baja California Sur, Mexique.
Collection Mine ParisTech
Mine Amelia, Santa Rosalia, Boleo District, Mun. de Mulege, Baja California Sur, Mexique.
0.94cm x 0.9cm x 0.88cm
Ex. Collection F. John Barlow
MACLE DE BOLEITE
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