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HISTOIRE DE LA MINERALOGIE
D'après une conférence du Dr. Cristiano FERRARI
conservateur du Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris
présentée complétée et remaniée par JJ Chevallier

DEUXIEME PARTIE
XIXè SIECLE

En 1801 Déodat Gratet de Dolomieu (1750-1801) explique la nécessité d'établir en minéralogie des bases fixes pour déterminer les espèces. Il découvre la dolomite dans les Alpes qu'il envoie à Nicolas Théodore de Saussure qui la décrit et la nome.

Déodat Gratet de Dolmieu


Nicolas Théodore de Saussure
A la même époque René Just Haüy grâce aux intuitions géniales de Jean-Baptiste Romé de l’Isle, propose que les formes cristallines soient à la base de la détermination d’une espèce minérale: chaque espèce fait référence à une forme primaire (maille élémentaire) et les formes secondaires dérivent de cette forme par des simples lois du décroissement.
Il est le premier qui donne une définition rigoureuse de l'espèce minérale, qui comprend à la fois la considération de la forme et de la composition élémentaire.
En observant des morceaux de calcite brisée, Haüy bâtit un modèle dans lequel les cristaux résultent de l’empilement de petites briques qu’il appelle des molécules intégrantes. Pour expliquer les faces Haüy remarque aussi que les faces observées résultent d’empilements simples, c’est la loi des décroissements simples. Il introduit une loi de symétrie qui postule que les décroissements sont les mêmes à partir des faces, arêtes et sommets équivalents d’un solide primitif. Les travaux de Romé de L’Isle et de Haüy donnent naissance à une nouvelle science : la « cristallographie ».
Plus au moins à la même époque dans le domaine de la chimie des minéraux
Louis Nicolas Vauquelin découvre le chrome (1797),
Nicolas Vauquelin



Charles Hatchette le Tantale (1801)

Charles Hatchett
2%C2%B78H2O.jpg)

William Hyde Wollaston le palladium et le rhodium,

William Hyde Wollaston



Hypolyte Victor Descotils l'iridium (1803),

Hypolyte Victor Descotils


Smithson Tennant, l'osmium

Smithson Tennant
![Tennantite, Cu6[Cu4(Fe,Zn)2]As4S13, sulfosel d'Arsenic.jpg](https://static.wixstatic.com/media/263d8c_9874e83dbf574aa481f12c0a62d971da~mv2.jpg/v1/fill/w_400,h_370,al_c,q_80,enc_auto/Tennantite%2C%20Cu6%5BCu4(Fe%2CZn)2%5DAs4S13%2C%20sulfosel%20d'Arsenic.jpg)

Benjamin Siliman chimiste américain (1779-1864) Son analyse chimique d'une météorite tombée en 1807 près de Weston , Connecticut, a été le premier récit scientifique publié d'une météorite américaine. Il donna publiquement des conférences à New Haven en 1808 et en vint à découvrir de nombreux éléments constitutifs de nombreux minéraux .

Vers 1818, Ephraim Lane a apporté à Silliman des échantillons de roches qu'il a trouvées dans une zone appelée Saganawamps, la Hubbard Tungsten Mine à Long Hill, qui fait maintenant partie du site archéologique du parc Old Mine à Trumbull, Connecticut, pour identification. Silliman a rapporté dans son nouvel « American Journal of Science », une publication couvrant toutes les sciences naturelles mais avec un accent sur la géologie. Il avait identifié du tungstène , du tellure, de la topaze et de la fluorite dans les roches. En 1837, le premier (et à l'époque le seul) gisement de barytine prismatique, minerai de tungstène aux États-Unis a été découvert à la Hubbard Tungsten Mine à Long Hill.
Il a joué un rôle majeur dans les découvertes des premiers poissons fossiles trouvés aux États-Unis.
Silliman a été l'un des premiers partisans de la mixité dans l'Ivy League. Bien que Yale n'ait admis les femmes comme étudiantes que plus de 100 ans plus tard, il a autorisé les jeunes femmes dans ses cours magistraux. Ses efforts ont convaincu Frederick Barnard, plus tard président du Columbia College, que les femmes devaient être admises comme étudiantes.



Jöns Jacob Berzelius et als...
Jöns Jacob Berzelius (1779–1848) est le premier analyste du XIXe siècle: il identifie le cérium en 1804 puis le sélénium avec Johan Gottlieb Gahn en 1817 et le thorium en 1829.

Jöns Jacob Berzelius



Jöns Jacob Berzelius découvre le sélénium avec Johan Gottlieb Gahn en 1817.

Johan Gottlieb Gahn

C’est Berzelius qui propose les noms :
-
vanadium, découvert en 1801 par Andrés Manuel del Río
-
sodium, connu depuis le moyen-âge, isolé en 1808 par Sir Humphry Davy
-
lithium, découvert en 1817 par Johan August Arfwedson

André Manuel del Rio



Sir Humphry Davy

Johan August Arphwedson

Berzelius est le premier à isoler les éléments
-
silicium (en 1823), soupçonné par André Lavoisier (en 1787) puis Sir Humpfry Davis (en 1808),
-
zirconium (en 1824), découvert par Martin Heinrich Klaproth (en 1789),
-
titane (en 1825), découvert par William Gregor (en 1791),
-
thorium (en 1828), découvert par Morten Thrane Esmark la même année.


Antoine Laurent de Lavoisier et Sir Humphey Davis.

Martin Heinrich Klaproth



William Gregor

Hans Morten Thrane Esmark

Berzelius est aussi un des premiers à fonder la minéralogie sur la connaissance des éléments chimiques.
Il a décrit :
-
l’aegirine en 1835,
-
l’albite en 1815,
-
la cérite en 1804,
-
l’eucaïrite en 1818,
-
la mésoline, 1822 (espèce non reconnue par l'IMA), synonyme désuet de Thomsonite,
-
le silicate de zinc (hémimorphite)
-
le silicate sesquimanganeux, le synonyme désuet de la Rodohinite.







Découvertes dans le domaine des propriétés optiques des minéraux, la polarisation chromatique.
En 1809 Étienne-Louis Malus (1775-1812) observe que la lumière après réflexion puis à travers un cristal biréfringent, change d'intensité avec la rotation du cristal.

Etienne Louis Malus
En 1811 François Arago (1786-1853) note qu’un feuillet de mica observé a travers un spath produit des couleurs très brillantes.

François Arago
Thomas Young en 1814, découvre les interférences lumineuses, établissant que la lumière est une onde, il est à la base de la conception du microscope pétrographique.

Thomas young
Dans la lignée des observations de Malus, David Brewster (1781-1868) décrit une relation mathématique simple entre l'indice de réfraction d'une substance réfléchissante et l'angle auquel la lumière frappant la substance sera polarisée.Il établit ainsi, en 1815 les lois de la polarisation par réflexion, avec notamment l'angle qui porte son nom.
Il observe aussi que certain cristaux ont un seul axe de symétrie pour la propagation de la lumière et d’autres en ont deux!


David Brewster
Nouveau critère de classement dans le domaine des propriétés physiques, la dureté.
En 1820 Friedrich Mohs classe les minéraux en fonction de leurs caractéristiques physiques de dureté, "Echelle de Mohs".

Mohsite synonyme de Dessauite-(Y)
(Sr,Pb)(Y,U)(Ti,Fe3+)20O38
Mont-Cenis, Savoie, Auvergne-Rhône-Alpes, France

Friedrisch Mohs

Nouveau critère de classement dans le domaine dela cristallographie, la symétrie.
A cette époque, des chercheurs français et allemands et déterminent les concepts de symétrie (axe, centre et plan) et de réseau comme critères pour la classification Ils formalisent ces concepts en utilisant les mathématiques.
Dès 1810, Christian Samuel Weiss (1780 – 1856) il est appelé comme professeur de Mineralogie à l’Université Frédéric-Guillaume de Berlin récemment créée. C'est à ce poste qu'il donne à la Minéralogie sa forme mathématique par une approche descriptive et naturaliste et pose les bases de la morphologie cristalline. Weiss insiste sur l'importance des directions principales des cristaux, et énonce la loi fondamentale de la cristallographie relative aux zones de Weiss. Il énonce une définition rigoureuse de la notion de système cristallin et publie ses conclusions dans son traité Sur la classification naturelle des systèmes cristallins (Über die natürlichen Abteilungen der Krystallisationssysteme, 1813). Il est élu membre de l'Académie Leopoldina en 1818.

Hristian Samuel Weiss
En 1830 Johann Hessel défini à partir des différentes combinaisons des éléments de symétrie cristalline "les 32 classes de symétrie"

Johann Essel

William Hallowes Miller, en 1839, introduit les notations des faces cristallographiques, "les indices de Miller".

William Hallowes Miler
Millerite
NiS
Mine Meikle, Bootstrap,
Elko Co., Nevada, USA


En 1840, Gabriel Delafosse, dernier élève de René Just Haüy, il collabore à la rédaction de ses derniers traités de cristallographie et de minéralogie, à titre posthume grâce aux notes laissées par son maître. Il soutient sa thèse en cristallographie sur l'hémiédrie* en 1840., propose le concept de maille en cristallographie. La maille se répète par translation dans les 3 dimensions et ainsi forme le réseau.

Delafossite
CuFeO2
Mine Clara, Black Forest, Baden-Württemberg, Allemagne

Gabriel Delafosse

La microscopie se développe dans le domaine de la polarisation.
Si les débuts venaient de Grande-Bretagne, l’aboutissement sera surtout réalisé à Paris, grâce au travail combiné des spécialistes du Collège de France, de l’École des mines et du Muséum national d’Histoire naturelle, avec le soutien de remarquables constructeurs d’instruments et l’aide de l’astronome de la Cour de Florence, Giovanni Battista Amici (1786 – 1863), père du premier système de lentilles de microscope achromatique. En 1893, puis William Henry Fox Talbot (1800-1877) en 1834. Bien que les éléments essentiels, prismes de William Nicol, lentilles achromatiques, lames minces, aient été connus dès le début du XIXe siècle, ce n’est qu’à la fin de ce siècle que le microscope polarisant rentrera dans la pratique courante de la pétrographie. Ainsi Auguste Michel-Lévy (1844 – 1911) pouvait ainsi étudier les volcans du Massif central avec une technique qui ne devait plus guère changer par la suite.

William Nicol

William Henry Fox Talbot

Giovanni Battista Amici

Auguste Michel-Levy


Planche 4 de Charles Chevalier "Des Microscopes et de Leur Usage" de 1839, qui montre les détails de la grande forme de "l'Achromatique Universel". Cet instrument est le seul microscope que Chevalier a décrit en profondeur, suggérant qu'il s'agissait d'un nouveau produit en 1839. Les images en haut à droite, étiquetées "Fig. 3" et "Fig. 3 bis", montrent l'instrument configuré comme un microscope inversé pour l'observation de la cristallisation chimique : "Fig. 3 bis" comprend deux petits brûleurs à alcool fixés sous la platine, qui réchauffent la platine pour évaporer l'eau des solutions et permettre une observation rapide des processus de cristallisation. En bas à droite, la "Fig. 8" montre l'instrument configuré comme un microscope à réflexion Amician.

Charles Chevallier

Alexandre Brongniart
En France c’est en 1838 que CharlesChevalier construit un microscope pour Alexandre Brongniart (1770 - 1847), successeur de Haüy au MNHN, qui décrit de nouvelles espèces minérales, dont la bustamite, la dufrénite, la glaubérite, et la nacrite. Le nom d'Alexandre Brongniart est également resté associé au terme d'ophiolite (du grec ophis, serpent), qu'il emploie en 1813 pour désigner une roche « à base de serpentine » dont l'aspect évoque celui d'une peau de serpent, et d'ophicalce. Aujourd'hui, ce terme d'ophiolite ne désigne plus seulement la roche elle-même mais un complexe de roches caractéristique d'une lithosphère océanique charriée sur le continent, et composé en partie de serpentines. Il donne également le nom de variolite à une roche ou galet qui présente dans sa structure de petites pustules blanches qui rappellent la variole.
En 1839, ce sont Henri Soleil et son père Jean-Baptiste-François à Paris au 21 Rue de l’Odéon, qui conçoivent un microscope pour mesurer les angles des cristaux biaxiaux.


Brongniardite synonyme de Diaphorite Ag3Pb2Sb3S8
Mine Fournial, Massiac, Cantal, Auvergne-Rhône-Alpes, France
Patrice Quenau sur Mindat..

Bustamite
CaMn 2+ (Si 2 O 6 )
Franklin Mine, Franklin, district minier de Franklin, comté de Sussex, New Jersey, États-Unis

Glauberite
Na2Ca(SO4)2
Bertram Mine, Bertram siding, Imperial Co., Californie, USA.
Ex. Carlton Davis Collection Wikipédia.


Dufrénite
Ca0,5 Fe2+ Fe3+ 5 (PO4 )4 (OH)6 ·2H2O
Mine de Bel Air, La Chapelle-Largeau, Mauléon, Bressuire, Deux-Sèvres, Nouvelle-Aquitaine, France
Nacrite
Al 2 (Si 2 O 5 )(OH) 4
Hünersedel, Schweighausen, Schuttertal, Seelbach, Ortenaukreis, Région de Fribourg, Bade-Wurtemberg, Allemagne
Elmar Lakner sur Mindat..
En 1844, Armand Dufrénoy publie le premier volume d'un traité de minéralogie en plusieurs tomes et révisions dans lesquels il décrit les propriétés physiques et chimiques de divers minéraux ainsi que leurs relations géologiques
-
Armand Dufrénoy, Traité de minéralogie, tome 1 , Carilian-Goeury et Victor Dalmont, Paris, 1844
-
Armand Dufrénoy, Traité de minéralogie, tome 2 , Carilian-Goeury et Victor Dalmont, Paris, 1845
-
Armand Dufrénoy, Traité de minéralogie, tome 2 , Victor Dalmont, Éditeur, Paris, 1856, deuxième édition, revue, corrigée, et considérablement augmentée
-
Armand Dufrénoy, Traité de minéralogie, tome 3 , Carilian-Goeury et Victor Dalmont, Paris, 1847
-
Armand Dufrénoy, Traité de minéralogie, tome 3 , Victor Dalmont, Éditeur, Paris, 1856, deuxième édition, revue, corrigée, et considérablement augmentée
-
Armand Dufrénoy, Traité de minéralogie, tome 4 , Dalmont et Dunod, Éditeurs, Paris, 1859, deuxième édition, revue, corrigée, et considérablement augmentée
Les 5 tomes téléchargeables en PDF sur Gallica

Dufrénoysite.
Pb2As2S5
Carrière de Lengenbach,
Vallée de Fäld, Binn, Wallis, Suisse.
Photo Bruno Marello, Collection Domenico Preite
En 1848 Auguste Bravais décrit "les 14 réseaux de Bravais", à partir des 32 classes de symétrie.
À l'époque du formidable essor de la géologie et de l'optique, ce chercheur que n'a jamais quitté l'attrait de l'astronomie, à l'exemple de nombreux polytechniciens nés dans la même décennie, ne peut rester insensible à poser des bases de physique ouvrant la porte à une meilleure compréhension et modélisation des phénomènes observables.
Il pose l'hypothèse d'une structure réticulaire des cristaux en 1849. En appliquant les principes de la géométrie, il dénombre quatorze types différents de réseaux cristallins. Les fameux réseaux de Bravais, proposés pour rendre compte des propriétés d'anisotropie et de symétrie observables des milieux cristallins solides, sont vérifiés en 1912 par Max von Laue, en utilisant pour la première fois la diffraction des rayons X.
Pour information : la Bravaisite est une espèce douteuse non référencée par l'IMA – un aluminosilicate de Mg et K - initialement signalé à Noyer, Allier, Auvergne, France.


En 1848 James Dwight Dana (1813-1895) publie Manual of Mineralogy -- Manuel de minéralogie, 1848 - retitré Manual of Mineralogy and Lithology.


Danaïte variété cobaltifère de l'Arsénopyrite
FeCoAsS
Mines de Jakobsbakken, Nordland, Norvège.
Photo, Eugene & Sharon Cisneros
nommée en l'honneur de James Freeman Dana
1793-1827
On lui doit la description de nombreuses espèces minérales :
-
en 1850
-
connellite Cu19 Cl4 (SO4) (OH)32 3H2O
-
köttigite Zn3(AsO4)2·8H2O
-
muscovite KAl2(AlSi3O10)(OH,F)2
-
-
en 1854
-
arsénolite As4O6
-
-
en 1868
-
andradite Ca3Fe2Si3O12
-
bobierrite Mg3(PO4)2·8H2O
-
cabrérite (Variété d'annabergite) Ni3(AsO4)2·8H2O + MgO (6%)
-
celestobarite (Variété de celestite riche en baryum) (Sr,Ba)SO4
-
claudétite As2O3
-
chalcocite Cu2S
-
sartorite PbAs2S4
-
-
en 1888
-
beryllonite NaBePO4
-
-
en 1890
-
natrophilite décrite avec le minéralogiste Brush. NaMn2+PO4
-
chrome-spinel (Déclassée comme synonyme de picotite (variété d'hercynite)).
-
plessite (Déclassée comme synonyme de gersdorffite)
-
Au cours du XXe siècle, la classification de Dana sera complétée grâce aux progrès scientifiques, en particulier dans le domaine de la cristallographie.













En 1862 Alfred Louis Olivier Le Grand Des Cloizeaux (1817-1897) publie son «Manuel de minéralogie».
Il se consacre surtout à l'étude systématique des cristaux de nombreux minéraux, leurs propriétés optiques ainsi que la polarisation, il découvre ainsi la polarisation rotatoire du sulfate de strychnine, et aux critères de classification des feldspaths. Il participe à l'essor de la pétrologie moderne.
En 1869, Alfred Des Cloizeaux est élu membre de l'Académie des sciences, dont il est président en 1889. Il est lauréat de la Médaille Rumford en 1870. Il reçoit la médaille Wollaston décernée par la Geological Society of London en 1886. Il crée la société française de minéralogie et de cristallographie en 1878.
On lui doit la description de nombreuses espèces minérales :
-
Binnite (de Des Cloizeaux) variété argentifère de tennantite.
-
Christianite un minéral d'Islande, nom désuet en l'honneur du roi du Danemark, Christian VIII, synonyme de sous-groupe Phillipsite
-
Montebrasite en 1871.

Descloizite.
PbZn(VO4)(OH)
Mine Preguiça, Sobral da Adiça, Moura, Beja, Portugal.
Photo, Joan Rosell

Alfred Louis Olivier Le Grand Des Cloizeaux
Par le Pr. Alfred Lacroix
Le mois dernier (mai 1897), s’est éteint à Paris, après une longue et douloureuse maladie, un des Savants qui, dans ce siècle, a occupé l’une des places prépondérantes dans la science minéralogique.
Né à Beauvais, le 17 octobre 1817, Des Cloizeaux rencontra à la fin de ses études classiques le cristallographe Lévy qui décida de sa carrière : ce fut sous son influence qu’il entreprit ses premiers travaux dès sa sortie de l’École des Mines. Ils furent consacrés à l’étude cristallographique d’un très grand nombre de minéraux et se firent immédiatement remarquer par leurs qualités de méthode, leur degré de précision, leur ingéniosité d’aperçus, qui sont au plus haut point développés dans. son célèbre.mémoire sur la cristallisation du quartz, resté un modèle du genre.
Ces œuvres de Cristallographie géométrique qui, à elles seules, suffiraient à établir une solide réputation, ne constituent pas cependant l’œuvre principale de Des Cloizeaux, C’est dans l’étude des propriétés optiques des minéraux qu’il devait se tailler une puissante originalité. Il y a quarante ans, leur importance était à peine soupçonnée : élevé à l’école de Senarmont, Des Cloizeaux sut voir nettement le parti que l’on pourrait en tirer et dans un rêve enthousiaste de jeunesse, il se proposa de déterminer les propriétés optiques de toutes les substances cristallisées transparentes. Il se mit résolument à l’œuvre, s’attaquant aussi bien aux sels de la chimie qu’aux minéraux. Longtemps seul sur la brèche, sans dévier un seul jour de la ligne qu’il s’était tracée, il mena à bien cette œuvre colossale, dotant ainsi la Minéralogie d’une branche nouvelle et féconde, dans laquelle se presse aujourd’hui la foule de ses continuateurs. Ce sont les résultats de ses recherches qui ont rendu possible l’étude rationnelle des roches à l’aide des propriétés optiques des minéraux qui les constituent. On peut donc dire que si Des Cloizeaux n’a pas été pétrographe lui-même, il n’en est pas moins l’un des pères de la Pétrographie moderne.
Parmi ses innombrables observations, abondent des découvertes de premier ordre : il trouva la polarisation rotatoire dans le cinabre et aussi dans le sulfate de strychnine, qui fut alors le premier corps connu déviant le plan de polarisation aussi bien en cristaux qu’en solution ; il montra l’existence d’amphiboles et de pyroxènes rhombiques, apporta les premières notions précises sur les propriétés optiques des feldspaths tricliniques, dont il découvrit un nouveau type, le microcline. Il montra aussi l’importance des caractères tirés de la dispersion pour la distinction des minéraux biaxes ; enfin il publia un remarquable ouvrage sur les variations que l’écartement des axes optiques d’un grand nombre de corps cristallisés subit sous l’influence de la chaleur, ouvrage qui eut pour point de départ ses mémorables expériences sur le feldspath orthose.
Il fallut à Des Cloizeaux une persistance dans les desseins, une ténacité remarquables pour arriver au résultat cherché ; il travailla en effet toujours avec des ressources matérielles insuffisantes, ne dut jamais compter que sur lui-même, Il lui fallut imaginer ses méthodes de travail, ses instruments et mener de front les observations au microscope et au goniomètre avec les opérations manuelles au tour de l’opticien.
Tous ces travaux ont fait l’objet de très nombreux mémoires, mais l’œuvre de prédilection de Des Cloizeaux était ce Manuel de Minéralogie, malheureusement inachevé, qui n’a pas tardé à devenir le livre de chevet des minéralogistes du monde entier. Il y a réuni avec ses qualités maitresses de précision, sa conscience toujours en éveil, sa loyauté scientifique impeccable, les constantes cristallographiques, optiques et chimiques de tous les minéraux connus, les indications sur leur gisement, y ajoutant à chaque page une somme prodigieuse d’observations personnelles.
Des Cloizeaux était un minéralogiste complet ; aucun recoin de sa science ne lui était étranger. Il rejetait la conception d’une minéralogie étroitement limitée à des recherches de cabinet : à ses yeux, l’histoire physique et chimique des minéraux était intimement liée à celle de leur histoire naturelle. Aussi, était-il devenu un voyageur intrépide : tous les grands gisements minéraux d’Europe lui étaient connus de l’Islande à l’Oural, et ses longues pérégrinations, ses nombreuses études sur le terrain n’avaient pas peu contribué à faire de lui une autorité incontestée pour tout ce qui touche à la science minéralogique.
Des Cloizeaux avait successivement rempli diverses fonctions dans l’enseignement ; répétiteur à l’École Centrale en 1843, maître de conférences à l’École Normale en 1857, il avait suppléé Delafosse à la Sorbonne de 1873 à 1876 et l’avait remplacé au Muséum, en 1876. Mais, ses goûts l’entraînaient beaucoup plus vers les recherches solitaires que vers l’enseignement dans l’amphithéâtre. C’est dans son cabinet qu’il était vraiment lui-même, véritable bénédictin d’une puissance de travail extraordinaire, ardent à l’œuvre, ne prenant jamais que le repos imposé par la maladie, toujours à l’affût de quelque nouvelle recherche à entreprendre. Aussi, bien que sa réputation fût universelle et incontestée partout où il existe un minéralogiste, était-il peu connu du grand public, auprès duquel il négligeait de faire valoir ses travaux.
Les honneurs étaient venus le trouver dans sa retraite ; élu à l’Académie des Sciences en 1869, il en devint le président en 1889. La Société Royale de Londres, la plupart des grandes Académies et Sociétés scientifiques étrangères le comptaient au nombre de leurs membres ; il avait, en 1889, reçu la rosette d’officier de la Légion d’honneur.
Des Cloizeaux laisse, avec une œuvre considérable, le grand et fortifiant exemple d’une vie exclusivement remplie par le culte désintéressé et passionné de la science.
A. Lacroix, Professeur de Minéralogie au Muséum.

Les 2 tomes téléchargeables en PDF sur Gallica

Binnite de Descloizeaux
Cu6(Cu4(Fe,Zn)2)As4S13
Carrière de Lengenbach, Fäld , Binn , Conches , Valais , Suisse
Photo, Chinellato Matteo

Montebrasite.
LiAl(PO4)(OH)
Revendication Telírio, Linópolis , Divino das Laranjeiras , Minas Gerais , Brésil.
Photo, Jeff A. Scovil


En cette fin de siècle, les méthodes de détermination d’un minéral sont la chimie, la morphologie des cristaux et les caractéristiques optiques. S’il est impossible de déterminer la morphologie avec des mesures angulaires, il devient alors impossible de déterminer la symétrie, ni d’appliquer des méthodes optiques dépendantes de lames minces orientées.
Des Cloizeaux développe ces méthodes optiques en apportant des modifications fondamentales au microscope polarisant. D’après des minéraux aux morphologies presque idéales, il prépare des lames minces obtenues en coupant les cristaux perpendiculairement aux bissectrices des axes optiques méthode que lui permet de déterminer les propriétés optiques de centaines d’échantillons. En effet, la caractérisation optique était presque limitée aux minéraux transparents et biaxiaux. D'autre part, avant l'introduction de la table universelle en 1893 par E.S. Fedorov , il était impossible d'orienter une lame sous le microscope.
Il découvre la polarisation circulaire dans le cinabre et des composés synthétiques, et met au point une méthode pour calculer la valeur moyenne de l'indice de réfraction d'un matériau cristallin sur la base de mesures indirectes .
Après Des Cloizeaux c’est Alfred Lacroix qui laisse une marque profonde dans le Laboratoire de Minéralogie du Muséum.
Du sanctuaire de la cristallographie de Des Cloizeaux, il en fait un centre de recherches en minéralogie et pétrographie de rayonnement international.
Dès son arrivée, Lacroix procède à la réorganisation des expositions de la Galerie. Il reclasse la Collection Générale suivant les classifications les plus modernes.
Il rédige un guide très complet du visiteur régulièrement remis à jour et réédité quatre fois entre 1896 et 1931.
Le nombre d'échantillons inscrits par année au Catalogue Général passe brutalement de quelques centaines à plusieurs milliers. Il obtient ce résultat par une politique d'échanges, de prospection, mais également en favorisant les dons grâce au rayonnement de son laboratoire (Pierpont Morgan ,1902-1912)
En 1898, Pierre et Marie Curie découvrent le radium et le polonium.



Curite et Métatorbernite.
Pb3(UO2)8O8(OH)6 · 3H2O
Cu(UO2 )2(PO4)2 · 8H2O
Shinkolobwe, district de Kambowé, Haut-Katanga, République Démocratique du Congo
Photo Uwe Haubenreisser