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Légende ou réalité ?
LES NAINS ET LES MINES
Page réalisée en collaboration avec :
Laurence JEZEQUEL
&
Yves LULZAC

La crise sanitaire mondiale ayant frappé la région où Laurence était partie en mission de repérage pour une production télévisuelle. Notre amie écologue est rentrée en France l'an dernier.
Sa dernière interview d'Yves LULZAC l'avait, semble t'il, interpelée à propos des Nains et autres Lutins dont on parle souvent dès qu'il s'agit de travaux minier. Pour les Lutins, la légende fait la quasi unanimité...
quoi que, certains géologues ou mineurs vous diront que l'intuition n'est peut-être pas toujours le fait du hasard. N'est-ce pas Yves.
Pour les Nains ...
Laurence a donc appelé Yves pour en avoir le cœur net.
Retranscription de l'appel de Laurence
LJ. De retour de mon périple qui ne s’est pas déroulé comme je l’avais prévu, et ayant un peu de temps libre, je me remets en mémoire notre dernière conversation dont le sujet principal, si je me souviens bien, portait sur ce que l’on nomme maintenant « l’après-mine ».
Je me rappelle qu’au cours de notre entretient vous aviez fait très rapidement allusion aux nains mineurs qui travaillaient autrefois dans les mines métalliques, ainsi qu’aux « lutins » avec lesquels, si j’ai bien compris, vous auriez été en rapport au cours de vos recherches. Pour moi, tout cela relève des éternelles légendes liées aux mines, mais j’aimerais quand même bien savoir pourquoi vous les avez évoquées. En effet, cela m’étonne de votre part, vous qui n’aimez pas mélanger les genres, surtout dès qu’il s’agit de sujets dénués de bases scientifiques. Je serais très curieuse de vous entendre à ce sujet.
YL. Si j’ai bien compris, j’ai donc excité votre curiosité bien que, pour vous, il ne s’agirait que de légendes non fondées. A cela je dois répondre que vous avez raison, mais sur un point seulement, celui concernant les « lutins ». Cependant, pour ce qui concerne les hommes de très petite taille (les nains) ayant travaillé autrefois dans les mines, je dois vous assurer qu’il ne s’agit pas de légendes car, moi-même, j’ai été confronté à ce problème dans une mine bretonne, la mine de plomb de Plélauff dans les Côtes d’Armor. Non pas que je me sois trouvé nez-à-nez avec un de ces nains, mais parce que je me suis involontairement introduit dans leur environnement matériel quotidien.
Je ne vous en parlerai pas ici car il s’agit d’un sujet que j’ai déjà traité et publié et que j’ai transmis à J.J. Chevallier pour qu’il le rediffuse dans le cadre de ses dossiers.
Ainsi, vous aurez tout loisir d’en prendre connaissance et de méditer sur la réalité ou non de cette soi-disant légende.
Cependant, pour ce qui concerne les lutins qui fréquenteraient les mines en activité ou abandonnées, je peux vous assurer que, moi non plus, je n’en ai jamais rencontré un seul au cours de ma carrière.
Il ne semble pas que ce soit le cas pour ce qui concerne les mineurs en activité au Moyen Age, car très nombreux sont les récits qui mentionnent ces êtres, généralement de très petite taille, qui hantaient les galeries de mine, soit pour jouer de méchants tours aux mineurs qui ne les respectaient pas, soit pour les accompagner et, à l’occasion, pour les aider dans leur dur labeur.
Ces petits êtres ont surtout été évoques dans le folklore germanique sous les noms de « Kobold » et de « Troll ».
LJ. Tout cela est bien beau, mais où voulez-vous en venir puisque vous avouez n’avoir jamais rencontré ces êtres qui, bien sûr, n’existent pas ?
YL. Vous me semblez bien impatiente. Auriez-vous donc peur qu’un de ces êtres bizarre vienne vous rendre visite une nuit pour vous empêcher de dormir et vous prouver ainsi qu’ils existent bien ?
LJ. De ce côté-là, je suis bien tranquille car je suis vraiment persuadée qu’il ne s’agit que de légendes stupides comme on en entendait beaucoup au Moyen Age....
YL. Bon, je n’insiste pas, et vais donc vous raconter de quelle manière j’ai trouvé un gros gisement de tungstène dans la forêt de Coat an Noz, sur la commune de Belle-Isle-en-Terre dans les Côtes d’Armor.
Dans cette forêt, il existe une vieille galerie de mine ouverte à flanc de coteau et dont l’accès était facile, du moins autrefois. Cette galerie est connue des gens de la région sous le nom de « Toul al Lutun », expression bretonne signifiant « Trou du Lutin » bien en accord avec les croyances que tous les travaux souterrains inspirent au commun des mortels. Cette galerie, qui date du 18ème siècle, a été effectuée dans le but de rechercher du minerai de plomb car, à proximité immédiate, on distingue encore la traces des anciens travaux de recherches pour le plomb réalisés par le marquis de Goesbriant au 17ème siècle. On sait que ce personnage avait exploité un peu de galène mais ses travaux ne semblent pas avoir été très importants. Néanmoins, il existe quand même une parcelle de terre portant le nom de « Toul Plom » c’est-à-dire le « Trou du plomb ».
Au début des années 60, le BRGM, à entrepris une vaste prospection géochimique dans le centre Bretagne avec pour objectif la recherche du plomb, du zinc et du cuivre. Bien sûr, cette région de Bretagne était concernée mais les résultats que nous y avons enregistrés se révélèrent sans intérêt.
Je précise qu’à cette époque, le chef de mission qui dirigeait cette prospection n’avait pas un ordinateur pour passer agréablement son temps sans trop se fatiguer. Pendant que son équipe faisait son travail, il parcourait la région à pied, le marteau de géologue à la main, afin de chercher des indices qui pouvaient mieux orienter les recherches.
C’est au cours d’une de ses ballades dans la forêt de Coat an Noz, qu’il a découvert de nombreux éléments de minerai, non pas de plomb, mais de tungstène sous forme de wolframite, un minerai noir qui n’avait pour ainsi dire jamais été remarqué dans la région, sauf en faible quantité, à l’époque révolutionnaire, dans le « Toul al Lutun ».
LJ. J’ai déjà entendu parler de tungstène, mais je ne sais pas trop à quoi ça sert.
YL. Il s’agit d’un métal qui sert principalement à durcir les aciers et à fabriquer des outils de coupe. Il est aussi utilisé dans les industries électriques, électroniques et chimiques. Il est actuellement très recherché.
Cette découverte fortuite, donc, fut à l’origine de recherches plus importantes qui se soldèrent par la mise en évidence d’un gisement de grande surface mais avec des proportions de ce métal trop faibles pour faire l’objet d’une exploitation.
Étant donné que c’est moi qui étais chargé de ces recherches, il m’arrivait parfois de visiter cette galerie de « Toul al Lutun » qui avait le don de m’attirer, non pas dans le cadre de mes préoccupations du moment, mais plutôt pour sa proximité avec ces anciennes recherches de plomb. Occurrence que l’on savait pourtant dénuée de tout intérêt.
LJ. Vous me dites que vous vous promeniez tout seul dans cette ancienne galerie de mine. Mais n’était-ce pas dangereux de le faire car l’on sait que les mines sont toujours pleines de dangers ?
YL. Non, cette galerie ne présente pas de danger particulier, à condition de faire attention où l’on pose les pieds. En effet, s’il n’y a aucun risque d’éboulements, cependant cette galerie recèle un piège qui pourrait être mortel dans certaines circonstances. Il y existe ce que l’on appelle un « bure noyé », c’est-à-dire un puits intérieur profond d’environ 6 mètres dont la bouche est masquée par la couche d’eau, d’une vingtaine de centimètres d’épaisseur, qui occupe la totalité du plancher (ou la sole) de la galerie, et qui oblige donc à se munir d’une paire de bottes. Si on tombe dans ce puits tout habillé et avec ces bottes, et si en plus on ne sait pas nager (comme c’est mon cas !), on a peu de chance de s’en sortir, surtout si l’on est seul. Le tout est de connaître ce danger et de faire attention.
Mais pour en revenir à ce qui se passait en surface, au grand jour, les derniers travaux de sondages, qui devaient clôturer cette recherche dans la forêt de Coat an Noz, se terminèrent un beau jour en fin de matinée. Les sondeurs et leur matériel devant donc rejoindre un autre chantier sans tarder.
C’est alors qu’une idée me vint subitement à l’esprit. Pourquoi ne pas profiter du restant de la journée pour faire quelques sondages dans la zone des travaux du marquis de Goesbriant ?
LJ. Mais aviez-vous le droit de retenir ainsi une équipe de sondeurs et leurs machines pour effectuer des travaux qui n’avaient pas du tout été prévus et qui concernait un sujet sans aucun intérêt ?
YL. Oui, cela peut paraître inopportun mais, à l’époque j’avais affaire à un patron très compréhensif qui faisait entièrement confiance à son personnel et qui n’aurait jamais critiqué une petite entorse faite à un plan de travail. A l’époque on savait que la recherche minière n’était pas toujours strictement tributaire de programmes préétablis et qu’elle devait parfois tenir compte d’événements ou d’éléments nouveaux imprévisibles.
J’ai donc pris ce risque, en me persuadant que ma curiosité allait m’apprendre quelque chose d’intéressant. Au moins, ces sondages que j’allais entreprendre, auraient permis de se faire une idée sur ce que le marquis avait bien pu découvrir dans cette région. Chose que l’on ignorait totalement.
Le déménagement de la sondeuse s’étant effectué rapidement et le premier sondage ayant déjà atteint une vingtaine de mètres de profondeur, je m’attendais à voir apparaître des traces de galène, ce qui aurait été tout à fait normal. Mais au lieu de ce minerai, c’est un minéral blanc, très lourd, qui est sorti du trou en grande quantité. Tout de suite, je pensais à un minéral de gangue, par exemple à de la barytine que l’on trouve souvent en association avec la galène. Mais ce minéral avait décidément une drôle d’allure et, à tout hasard, je l’ai examiné avec une lampe spéciale à rayonnement ultra-violet, outil que l’on emploi souvent pour reconnaître facilement un minerai blanc de tungstène que l’on appelle la scheelite.
Et là, énorme surprise !... C’était bien ce minerai de tungstène, tout à fait inattendu à cet endroit où il n’existait aucun indice superficiel laissant supposer sa présence, qui sortait en abondance de la tête du sondage....
Et c’est ainsi, que fut découvert l’un de plus beau gisement de tungstène de France, si ce n’est d’Europe !
Gisement qui, rassurez-vous, ne sera pas exploité puisque vos copains écolos ont décrété qu’il valait mieux acheter ce minerai aux chinois plutôt que de le sortir de notre terre...
En fin de compte, quoi penser de cette histoire ? Pourquoi cette fixation sur le plomb du marquis, surtout lorsqu’il m’arrivait de parcourir cette vieille galerie ?
Pur hasard ou heureuse intuition pensèrent la totalité de mes collègues.
Sans doute ont-ils raison car l’intuition peut agir si l’on a acquis une bonne expérience dans un métier quelconque.
Et pourquoi pas le lutin de la galerie qui, m’ayant trouvé sympathique, m’aurait mis en tête cette idée, apparemment saugrenue, de m’intéresser au plomb plutôt qu’au tungstène ? ....
Mais si c’est vraiment ce lutin qui est responsable de cette découverte, j’aurais plutôt aimé qu’il me le dise de vive voix, au lieu de rester planqué dans un recoin de cette galerie !...
Qu’en pensez-vous ?
LJ. Que puis-je vous dire ? Moi aussi je pencherais pour le hasard intervenu à la suite d’une simple curiosité. Également pour une heureuse intuition induite par votre longue pratique de la recherche minière.
Quant au lutin, que certains qualifieraient de vigilant gardien des richesse minières détenues par Dame Nature, je n’y crois pas du tout, bien que je doive avouer que votre histoire me paraisse un peu troublante.
Mais, votre patron, qu’en a-t-il pensé ?
YL. Rien de particulier. En tous cas, il n’a jamais admis que cette trouvaille soit le fait du hasard. C’était un mot tabou bien que l’on soit obligé de le prendre en considération car il en existe de nombreux exemples par le monde.
LJ. Enfin, si c’est bien le lutin de la forêt de Coat an Noz qui vous a inspiré, vous lui devez une fière chandelle, comme l’on dit, et vous pouvez lui dire un grand merci. Mentalement, bien sûr, car je suis certaine qu’il restera toujours caché dans l’ombre de cette vieille galerie de mine et que vous ne le verrez jamais....
Maintenant, je repense à ce que vous m’avez dit au sujet de ce « piège » qui existe dans cette galerie. J’aimerais, un prochain jour, que vous me parliez des dangers liés aux exploitations minières, dangers que mes collègues se plaisent à évoquer dans le but de faire peur à leurs lecteurs, pour des raisons, d’ailleurs, que je me garderai bien de préciser ici...
YL. Pas de problèmes, bien que je ne sois pas mineur de métier mais plutôt géologue prospecteur, partageant la surface, le soleil, la verdure et les petits oiseaux, avec le fond, sombre, sinistre et plein de dangers…
Enfin, on en reparlera ...