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L'ETAIN ARMORICAIN

Par Yves LULZAC, ancien géologue minier du BRGM

Article paru dans Mines & Carrières

N° 196 - octobre - 2012 (Hors série)

avec l'aimable autorisation de l'auteur

PROVINCE SUD ARMORICAINE

DISTRICT DE LIZIO

Strictement subordonné au massif granitique circonscrit de Lizio (Morbihan), ce district stannifère doit sa célébrité par les nombreuses tentatives d’exploitation qui s’y sont succédées depuis 1834 jusqu’en 1908.

Il se distingue également par ses nombreux et puissants filons ou lentilles de quartz irrégulièrement minéralisés en cristaux de cassitérite souvent bien formés et de grosse taille.

Ces filons, dont la puissance peut dépasser le mètre, devaient affleurer en saillie sur la surface topographique ancienne, particulièrement vers l’extrémité orientale du massif granitique, au lieu-dit La Villeder, où ils sont nombreux, proches les uns des autres (dispositif en " stockwerk ") et encaissés dans un granite décomposé facile à abattre.

Ces particularités favorables n’avaient donc pas échappé aux anciens prospecteurs car, avant la reprise des recherches modernes, certaines observations faisaient état, à l’aplomb du faisceau filonien, d’une excavation de 5 à 10 mètres de profondeur et d’un volume dont l’estimation a varié de 70 000 à 245 000 m³ selon les rapporteurs.

En extrapolant les teneur enregistrées récemment sur ce même lieu de La Villeder, il est possible d’évaluer la production antique de minerai à une centaine de tonnes, soit environ 70 tonnes d’étain métallique.

D’autres observations consignées au cours des travaux modernes font état de rigoles remplies de sable fin dont l’origine est à rechercher dans les résidus de lavage du quartz minéralisé concassé et broyé. Des scories stannifères auraient également été signalées en 1866.

Ces travaux anciens n’ont pas été datés d’une manière précise bien que l’époque gallo-romaine ait été suggérée par la découverte de tuiles caractéristiques ainsi que par la proximité d’une voie romaine repérée près du village de Castillec en Lizio.

On peut s’étonner de l’arrêt prématuré des exploitations antiques sur ce lieu pourtant favorable, le plancher de la fosse principale n’ayant jamais atteint le niveau de la nappe phréatique ni celui du granite encaissant non décomposé. Il est probable que la répartition très irrégulière de la cassitérite dans les filons quartzeux, qu’il fallait casser, extraire puis broyer assez finement (caractéristiques propres aux gîtes stannifères de ce district), ait incité les anciens prospecteurs à reporter leurs efforts sur les dépôts alluvionnaires voisins plus faciles à traiter.

En effet, au cours de l’exploitation moderne des gîtes détritiques, des traces de travaux plus anciens ont été remarquées, plus particulièrement en 1854 entre la lande de la Hye et le village du Haut Guily où de nombreuses scories, mêlées de cassitérite non réduite et de globules d’étain métallique, ont été recueillies en fond de vallon.

Tous les témoignages anciens ayant été oblitérés par les travaux modernes sur la plupart des vallons minéralisés, il est donc difficile d’en évaluer le potentiel originel. Tout au plus pourrait-on le situer dans une fourchette de 8 à 10 tonnes de cassitérite.

D’autres filons de quartz minéralisés sont connus sur ce district, dont une vingtaine sur le prolongement septentrional du gisement de La Villeder. La cassitérite y est présente en cristaux disséminés d’une manière très irrégulière rendant aléatoire tout essai d’exploitation. Bien que la plupart soient visibles sur affleurements naturels, ils ne semblent pas avoir retenu l’attention des anciens prospecteurs d’étain, vraisemblablement à cause de leur environnement immédiat constitué de granite non altéré et très difficile à extraire. Par contre, certains ont fait l’objet de récents mais infructueux travaux miniers de recherche.

 

Les travaux modernes, qui se sont échelonnés dans le secteur de La Villeder sur une période de 75 ans à partir de 1834, ont permis l’extraction d’environ 140 tonnes de cassitérite (gîtes primaires et secondaires confondus). En gardant à l’esprit que ce district n’a jamais fait l’objet d’une véritable exploitation, surtout pour ce qui concerne les gîtes primaires en roche dure, malgré l’ampleur des travaux souterrains.

A ce bilan de production, l’on doit ajouter 18 tonnes de cassitérite provenant de la base d’un épais placage de sables pliocènes exploités de 1984 à 1986 par l’entreprise Charles, près du village de la Hye-de-Bas.

Le potentiel actuel du gisement de La Villeder serait voisin de 1 000 tonnes de cassitérite à teneur sub-marginale (J. Guigues, 1959).

District de Lizio.jpg
Mine d'étain de la Villeder, installations de traitement.jpg

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