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L'ETAIN ARMORICAIN

Par Yves LULZAC, ancien géologue minier du BRGM

Article paru dans Mines & Carrières

N° 196 - octobre - 2012 (Hors série)

avec l'aimable autorisation de l'auteur

PROVINCE SUD ARMORICAINE

LOCRONAN & PONT-L'ABBE

1- Le district de Locronan

 

Il correspond au massif granitique de Locronan, dans le département du Finistère, où la cassitérite est présente dans la plupart des cours d’eau qui le drainent. Ces indices alluvionnaires de surface, peu nombreux et dispersés, n’offrent guère de concentrations supérieures à 100 g/m³ et, semble-t-il, n’ont jamais été l’objet de tentatives d’exploitation si l’on en juge par les sondages profonds qui ont été exécutés dans la vallée du Juch.

L’origine de cette cassitérite est à mettre en relation avec des filons quartzeux de faible puissance en général, uniquement visibles sur affleurements artificiels, par exemple dans les anciennes carrières de la Forêt du Duc en Locronan. La cassitérite, peu abondante, s’associe toujours avec des sulfures divers (pyrite, arsénopyrite, galène…) ainsi qu’avec de la wolframite, minéral très recherché à l’époque moderne, mais totalement inutilisable par les Anciens. Ce dernier pouvant d’ailleurs prendre une place prépondérante dans la paragénèse de ces filons au point d’y former parfois de belles concentrations mais dont le volume n’atteint jamais de grandes dimensions. Ces minéralisations se rencontrent plus particulièrement dans la région de Plogonnec où elles ont fait récemment l’objet de nombreuses recherches superficielles et profondes (Y. Lulzac, 1964).

Districts de Locronan er Pont Labbé.jpg

2- Le district de Pont-L’Abbé

 

Ce district recouvre, dans sa partie septentrionale, des terrains constitués de granites feuilletés, de mylonites ou de gneiss, tandis que sa partie méridionale aborde un massif granitique circonscrit, en grande partie immergé (granite de Pont-Labbé).

Les minéralisations stannifères découvertes en surface présentent ici des concentrations de valeurs très inégales mais le plus souvent de faible niveau. Cependant, quelques vallons, dont ceux de Gouesnac’h, de Lesquidic, de Tréméoc, de Keraden et de Kerdelec, qui se distinguent par de fortes concentrations très locales de cassitérite (de l’ordre de 1 kg/m³), ont fait l’objet de recherches par sondages profonds. Les teneurs prometteuses observées en surface n’ont pas été retrouvées dans l’horizon alluvial sous-jacent dont la stratigraphie régulière ne recèle aucune trace d’exploitation minière ancienne ni récente (J. Guigues, 1960).

L’origine de cette cassitérite, mal connue, serait peut-être à mettre en relation avec des filons quartzeux minéralisés en arsénopyrite dont on retrouve de rares éboulis épars sur toute l’étendue de ce district.

Cependant, elle a été découverte " en place " dans la région de Tréguennec (indice de Prat-ar-C’hastel), sous la forme de très petits cristaux, souvent peu visibles à l’œil nu, disséminés au sein d’un très gros filon d’aplite sodolithique, de composition très particulière et unique dans le cadre du Massif Armoricain. Bien que cette roche présente une teneur d’ensemble relativement élevée, voisine de 800 g/t, elle semble avoir totalement échappé aux prospecteurs antiques et modernes (Y. Lulzac et al., 1986).

Actuellement, ce gisement de type " gros tonnage faible teneur " représente un potentiel économique non négligeable, non seulement pour le seul métal étain avec ses réserves voisines de 6 000 tonnes de cassitérite, mais aussi pour le tantale, le lithium et les feldspaths qui leur sont associés.

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