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L'ETAIN ARMORICAIN
Par Yves LULZAC, ancien géologue minier du BRGM
Article paru dans Mines & Carrières
N° 196 - octobre - 2012 (Hors série)
avec l'aimable autorisation de l'auteur
PROVINCE NORD ARMORICAINE
DISTRICT DE SAINT RENAN
Il concerne la moitié occidentale du massif granitique qui s’allonge sur 45 km, depuis l’île de Molène jusqu’à mi-distance entre les bourgs de Ploudaniel et de Saint-Derrien. Cette partie occidentale est caractérisée par une roche à grain fin appelée granite de Saint-Renan.
Ce n’est qu’en 1957 que les premiers indices de cassitérite furent découverts dans cette région. Découverte fortuite due à Charles Pavot dans le cadre de ses recherches de minerai d’uranium, puis confirmée et élargie peu après par le B.R.G.M.
Très vite, l’intérêt de cette région s’est porté sur le fort potentiel stannifère de ses alluvions, et plus particulièrement par celles de la vallée de l’Aber Ildut, immédiatement en aval de la ville de Saint-Renan.
Le gisement fut mis en exploitation par la Compagnie Minière de Saint-Renan (CO.MI.REN.) de 1960 à 1974, tout d’abord par abattage hydraulique de l’horizon alluvial, puis par drague suceuse flottante. La production totale de cassitérite s’est chiffrée à 5 000 tonnes, soit 3 600 tonnes d’étain métallique.
Au cours de la première phase de travaux, c’est-à-dire lorsque l’extraction du minerai se faisait à vue, des traces évidentes d’exploitations anciennes ont été découvertes dans la moitié inférieure du petit vallon du Vouden, l’un des affluents de la vallée principale. Il s’agissait d’un fossé large de 5 à 30 mètres dont la profondeur atteignait au maximum les 8 à 9 mètres dans sa partie amont. Cette cavité, totalement invisible en surface, était remblayée par des couches alternées d’argile et de sables ou gravillons très peu argileux renfermant des morceaux de bois grossièrement taillés.
Dans le dépôt alluvionnaire principal exploité en eau au moyen d’une drague flottante, des traces d’exploitations anciennes, beaucoup moins évidentes, sont apparues sous forme de quelques fossés profonds de 2 à 3 mètres, certains remplis d’argile, d’autres de sables et graviers bien lavés. Ces excavations avaient à peine entamé le sommet de l’horizon minéralisé à faible teneur sans parvenir jusqu’au niveau inférieur le plus riche, profond de 4 à 5 mètres. Niveau impossible à atteindre avec les moyens artisanaux de l’époque, dans des terrains marécageux et gorgés d’eau.
D’autres dépôts alluvionnaires d’étendue plus modeste furent également exploités par abattage à vue dans les régions de Plouarzel, Tréouergat et Bourg-Blanc où de nombreuses anomalies stratigraphiques ont également été observées au sein du contexte alluvial. Plus particulièrement dans l’amont bassin du ruisseau du Breignou, non loin des villages des Trois Curés et de Lescus, où des scories associées à des globules d’étain métallique ont en outre confirmé la proximité d’un atelier de traitement.
Diverses trouvailles sont également à signaler bien que l’on ne puisse pas les mettre obligatoirement en relation directe avec l’extraction de l’étain. Ce sont des monnaies romaines et une fibule en bronze, divers fragments indéterminés de bronze, les restes d’un four ainsi qu’un curieux disque en pierre d’environ 28 centimètres de diamètre et percé en son centre d’un trou circulaire. Bien d’autres témoignages d’occupation ancienne ont certainement été exhumés des terrains exploités, mais pour disparaître de nouveau ou être détruits, les méthodes d’exploitation modernes ne favorisant guère les observations archéologiques.
Au total, ces petits gisements alluvionnaires annexes ont fourni 680 tonnes de cassitérite dans les années 70.
Dans le cadre d’une recherche des gîtes primaires à l’origine des concentrations alluvionnaires, l’attention fut attirée, non loin du village de Délé, par un petit vallon dont l’extrémité amont présente un profil transversal différent de ce que l’on observe habituellement. Dans sa partie la plus étroite, large d’environ 25 mètres, un fossé profond d’une cinquantaine de centimètres et large d’une dizaine de mètre se distingue nettement dans l’axe de la plaine alluviale, ses deux côtés formant une sorte de banquette inclinée.
Un profil de sondages profonds réalisé au travers du vallon a permis de localiser une excavation large d’une quinzaine de mètres et profonde d’environ 2 mètres remplie de terre végétale argileuse contenant un mince niveau intercalaire de sable bien lavé. Ce remblai, qui avait entamé la couche alluviale stannifère dans sa presque totalité, a fourni du charbon de bois en abondance ainsi que des fragments de scories, des globules d’étain métallique et de la cassitérite résiduelle.
A 120 mètres en aval, un dispositif semblable apparaît également dans l’axe de la plaine alluviale, large ici d’une cinquantaine de mètres. Le fossé d’exploitation, découvert dans les mêmes conditions que précédemment, semble avoir exploité la plus grande partie de la couche alluviale minéralisée mais sans avoir toujours atteint sa limite inférieure. Le remplissage du fossé comporte, d’une part une cavité remplie de sables argileux reposant à 2 mètres de profondeur sur un niveau de terre végétale, d’autre part une cavité profonde de 2 mètres entièrement comblée par de l’argile. Si ce remblai ne contient, ni charbon de bois, ni scories, il s’est révélé par contre relativement riche en cassitérite. Ce qui permet de douter de l’efficacité des moyens de lavage et de séparation du minerai d’étain employés par ces anciens mineurs.
Néanmoins, il se pourrait que, sur les 600 mètres de profil longitudinal probablement exploites, ce vallon ait pu fournir une quinzaine de tonnes de minerai en admettant une teneur en cassitérite récupérée de 1 kg/m³.
