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LE TUNGSTÈNE ARMORICAIN ...
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Une étude de Monsieur Yves Lulzac, juin 2019
Yves Lulzac est un ancien géologue minier qui a fait toute sa carrière au BRGM, à travers le monde. Il est à l'origine de la découverte de la Lulzacite, un phosphate de strontium, qu'il a découvert à St Aubin des Châteaux, Loire-Atlantique, en 1997.Gemmologue de laboratoire à ses heures, il a rédigé un manuel de gemmologie qui fait autorité dans le monde entier.Breton, il est aussi l'auteur de cinq ouvrages sur les manoirs Bretons.
SOMMAIRE
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LE TUNGSTÈNE ARMORICAIN
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Où le trouve-t-on ?
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Où pourrait-on L'exploiter ?
Introduction
Faisant suite à l’article dédié à l’étain, paru dans le numéro 196 hors-série de la publication « Mines et Carrières » (revue de la société de l’industrie minérale), ainsi que dans les numéros 67 à 69 de la publication « Bretagne Minéralogie » du club minéralogique de Saint Nazaire, il a semblé pertinent de dédier une étude similaire au tungstène, métal indissociable de l’étain pour lui être très souvent associé dans ses gîtes primaires en roche. Pourtant, très curieusement, ces deux métaux se distinguent par leurs propriétés diamétralement opposées : pour l’étain, peu fragile à température ambiante, c’est un point de fusion très bas à 232° Celsius (c’est le point de fusion le plus bas de tous les métaux usuels), et une faible dureté. Pour le tungstène, très fragile à température ambiante, c’est un point de fusion extrêmement élevé à 3.422° Celsius (c’est le plus réfractaire de tous les éléments), et une très grande dureté.
De même que pour l’étain, la découverte de la majorité des gîtes primaires et secondaires de tungstène, est redevable des prospections alluvionnaires inaugurées par le B.R.G.M. dès 1957 et qui se sont poursuivies jusque vers la fin des années 70.
L’étude présente fait donc l’inventaire de tous les gîtes tungstifères actuellement connus dans le cadre du Massif Armoricain, et aborde également le potentiel économique de ces gîtes, en fonction des travaux de reconnaissance qui ont pu y être réalisés avant l’abandon de toutes recherches et exploitations minières françaises métropolitaines à la fin des années 80.
Rappelons également que par ses qualités exceptionnelles, le tungstène possède de nombreux emplois dans l’industrie des aciers et alliages de grande résistance, dans la fabrication, sous forme de carbure, d’outils de grande dureté principalement utilisés dans les travaux de terrassement et de forage ; dans l’industrie électrique (entre autres : filaments des ampoules d’éclairage thermique), dans l’industrie chimique, l’armement, ainsi que dans les soudures verre-métal, etc.

Dans le Massif Armoricain, le tungstène n'est pas rare et même parfois abondant sous forme de ses deux principaux minerais :
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La wolframite, tungstate de fer et de manganèse, dont le pôle à fer dominant se nomme ferbérite, et le pôle à manganèse dominant se nomme hübnérite. C'est un minéral noir, de dureté moyenne mais très fragile à cause de son excellent clivage. Dans le milieu alluvial, on ne peut donc le trouver que sous forme de faibles concentrations locales ou, le plus souvent, de simples traces qui ne seront jamais très éloignées de leurs gîtes primaires mais sans pouvoir préjuger de la valeur de ces derniers. A signaler que sa reconnaissance en fond de battée n'est pas toujours aisée, même au cours des processus de séparation densimétrique et magnétique.
Le comportement de le wolframite diffère donc de celui de la cassitérite qui lui est souvent associée, et sa dispersion superficielle n'atteint jamais l'ampleur d'une pollution générale et ne contribue pas à créer des pseudo-indices d'interprétation toujours malaisée. Et, bien sûr, ce minéral ne se concentre pas en placers susceptibles d'être exploités, tous du moins dans le cadre du Massif Armoricain.
Néanmoins, si son observation dans une alluvion est un bon indicateur de gîte primaire proche, sans préjuger de sa taille, elle demandera toujours à être complétée par un relevé précis des formations superficielles locales (terrasses alluviales, îlots de sables pliocènes, coulées de solifluxion périglaciaires, etc.), par une classique recherche d'éboulis quartzeux minéralisés, et enfin par une étude géochimique centrée sur le dosage de W et As dans les sols.
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La scheelite, tungstate de calcium de couleur blanche ou rosée qui possède la faculté d'émettre une vive fluorescence bleuâtre ou jaunâtre sous un rayonnement ultraviolet à ondes courtes (lampe de Wood). Cette propriété est souvent mise à profit en recherche minière car la scheelite peut aisément se confondre à l'œil nu avec d'autres minéraux blancs beaucoup plus communs. Mais, en contre partie, cette propriété a aussi tendance à faire largement surestimer le pourcentage apparent de ce minéral dans un échantillon, que seule une analyse gravimétrique ou chimique pourra confirmer ou infirmer.
Comme la wolframite, ce minéral est peu altérable dans la nature et, du fait de sa meilleure cohésion, il se rencontrera plus fréquemment dans le milieu alluvial mais très souvent sous forme de traces sans jamais former de dépôts exploitables.
La remontée aux gîtes primaires peut suivre le même processus que précédemment bien que les seuls dosages de W et As dans les sols en prospection géochimique ne semble pas être toujours suffisamment efficaces dans l'optique d'une recherche de gîtes de type skarn ou skarnoïde. Tout d'abord parce que la diffusion du tungstène dans certains sols ne semble pas toujours se faire d'une manière optimale, et ensuite parce que l'arsenic n'est pas toujours présent dans ces types de gîtes. Un complément d'étude géophysique (magnétisme par exemple) peut alors apporter d'utiles informations.
Avant la mise en chantier des prospections alluvionnaires systématiques inaugurées par le B.R.G.M. en 1958 dans le Massif Armoricain, la wolframite et la scheelite n'étaient connues qu'en peu d'endroits, presque toujours en relation avec des gîtes stannifères plus ou moins étudiés et exploités, le plus connu étant celui de Montbelleux dans le département d'Ille et Vilaine.
A l'issue des prospections alluvionnaires, de nouvelles et nombreuses occurrences inconnues de minerais de tungstène ont été découvertes, généralement en relation avec la cassitérite. Et c'est également grâce à l'emploi systématique de la lampe de Wood, tant sur le terrain qu'en laboratoire, que de nouveaux indices en liaison avec des roches basiques ont été découverts.
Ce sont ces occurrences, nouvelles et anciennes, que l'on se propose d'inventorier ici en faisant également le point sur leur niveau de connaissance et, le cas échéant, sur leur valeur économique présumée en ayant toujours à l'esprit que cette valeur sera tributaire de la conjoncture économique du moment, et donc du prix des matières premières.
Dans le Massif Armoricain, le tungstène s'exprime selon trois principaux types de gisement :
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les formations filoniennes quartzeuses intragranitiques, soit à épontes greisenisées ou tourmalinifères, soit à épontes plus ou moins feldspathiques, ces dernières formations pouvant s'apparenter à un type pegmatitique immature.